Les bas-fonds occupent une place importante dans l’équilibre de l’écosystème, ils sont aujourd’hui transformés en des espaces d’habitation causant la disparition de tout une biodiversité propice à l’agriculture mais aussi à l’épanouissement de plusieurs espèces animales et végétales.
Géographiquement, les bas-fonds sont des cuvettes formées il y a des milliers d’années dans les zones côtières. Elles sont de dénivellation très basses. Elles absorbent très peu d’eau, un caractère qui les favorise d’être humides où vivent plusieurs espèces animales et végétales et propice à la riziculture, le maraîchage et l’extraction du sel et tant d’autres activités pratiquées par le passé par des communautés. Dans ces lieux, on peut trouver des marécages, des marais dans lesquels subsistent des reptiles, des poissons, des margouillats et tant d’autres espèces.
Les bas-fonds sous la menace de l’immobilier
Depuis quelques années, une grande partie de ces bas-fonds à Conakry sont devenus la convoitise des immobiliers : maisons, immeubles n’ont cessé de pousser comme des champignons transformant une grande partie de ces zones humides en des quartiers résidentiels, contribuant ainsi à la disparition de plusieurs espèces et rendant impossible la croissance de l’économie locale.
Disparition des espèces
Pourtant, les bas-fonds contribuent énormément à l’équilibre de l’écosystème, étant des zones très basses, humides avec une configuration géologique spéciale. “Les bas-fonds sont des zones où vivent des espèces, des lieux privilégiés non seulement pour le développement de la végétation mais aussi d’une agriculture, de maraîchage par excellence”, explique le Professeur Kandet Bangoura, Directeur de l’école doctorale en océanographie environnement, marée et côtière au Centre de Recherche Scientifique de Conakry, Rogbané. Avant d’ajouter que ces zones permettent également l’épanouissement et la reproduction des poissons. “Mais d’autres espèces comme les reptiles, les oiseaux, n’y sont plus” regrette-t-il.
Au-delà de l’offensive de l’urbanisation, les bas-fonds font face au défrichement des herbes en saison sèche pour des fins agricoles et la fabrication des matelas en chaume qui entraîne à l’érosion des sols. “Cette érosion contribue à la dégradation des bas-fonds et affecte les espèces qui y vivent, et réduit sa capacité d’exercer ses fonctions de renforcer les capacités de résilience des communautés qui les utilisent”, précise Mamadou Diawara, directeur exécutif de Guinée Écologie.
Des inondations pendant la saison pluvieuse
Une situation qui n’est pas sans risque d’inondations au moment des grandes pluies. Plusieurs quartiers de Conakry étant sur une longue crête se trouvent sur des pentes de part et d’autre qui débouchent sur les bas-fonds formant une ceinture qui entoure la capitale, allant de Kaloum à Forécariah au sud, et aussi de Kaloum à Dubreka au nord. Alors les ruissellements qui quittent les hauteurs se dirigent vers ces zones qui se trouvent obstruées par l’occupation anarchique des bas-fonds. Et pourtant ils contribuent à l’évacuation des ruissellements des eaux de pluies vers la mer. “Les ruissellements se dirigent vers le bas-fonds pour ensuite les conduire vers le littoral”, affirme le Pr Kandet avant de rappeler “des quartiers situés aux alentours de ces bas-fonds ont connu auparavant des inondations dûes à l’obstruction des ruissellements tels que Dabondy il y a quelques années “.
Des ressources économiques et vitales
La détérioration des bas-fonds constitue une menace à la fois pour les êtres humains, les animaux et la végétation. La préservation de ces zones peut assurer une sécurité alimentaire, dans un monde où la menace de la famine à cause de la sécheresse se fait de plus en plus sentir. Les bas-fonds regorgent autrement des ressources à grande valeur économique et vitale pour les êtres vivants.
Ibrahima Sory BAH