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La place des femmes dans l’intégration de la technologie du biodigesteur comme alternative

La transition énergétique à l’échelle des ménages concerne tout le monde, mais les femmes sont les principales concernées. Plus de 80% des sources d’énergie utilisées dans les ménages guinéens proviennent de la biomasse. Aïssatou Billy Sow consultante en énergie, environnementaliste plaide en faveur des femmes.

La biomasse constitue une source importante d’énergie en Guinée, que ça soit pour la cuisson, le fumage des poissons, l’extraction du sel, la fabrication du charbon et la fabrication des briques rouges (sur la base de la terre), le bois reste indispensable et les femmes sont généralement responsables de la collecte de celui-ci et même l’exécutante. Ce qui entraîne une pénibilité énorme pour elles et donne lieu à des conséquences néfastes sur leur santé et sur l’environnement en raison de la déforestation qu’elles entraînent.

En introduisant le biodigesteur comme alternative écologique, il contribue à réduire la dépendance des femmes au bois et au charbon du bois, économise leur temps et améliore leur bien-être. Pour Aïssatou Billy Sow, les femmes « doivent être impliquées dès le départ » dans la gestion et la mise en œuvre d’un projet de ce genre tel que le biodigesteur.

Quand elle était au Centre de Recherche Scientifique de Conakry-Rogbanè (CERESCOR) en 1997, elle a bénéficié d’un financement pour la construction de deux biodigesteurs dans la préfecture de Kindia précisément à Tambama. Ces installations avaient permis l’éclairage d’un certain nombre de ménages et l’installation de quatre réchauds pour la cuisine. « Je me rappelle qu’à cette époque les femmes étaient très satisfaites du gaz du fait qu’elles pouvaient utiliser ce gaz pour faire leur cuisine. D’après elles, ce gaz leur évite la fumée qui constitue un grand danger pour leur santé, ça leur permet aussi de réduire la pénibilité de la cuisine par ce qu’elles n’étaient plus obligées de chercher le bois et ensuite elles avaient une meilleure qualité d’hygiène, y avait moins de saletés autour d’elles », se souvient-elle.

L’implication des femmes est indispensable dans la réussite du fonctionnement d’un biodigesteur. Sur toute la chaîne du fonctionnement de ce dispositif, la femme demeure omniprésente. « Vous n’êtes pas sans savoir que dans notre culture la question d’eau, c’est en général les femmes qui gèrent. Et quand on a un biodigesteur on a besoin d’eau. La bouse de vache, c’est les femmes qui gèrent aussi.  Cet aspect d’utilisation de la bouse de vache est indéniable ». Souligne-t-elle.

Pendant longtemps intéressée par la recherche de solutions sur les questions d’énergie écologique, aujourd’hui elle plaide en faveur des femmes pour la gestion de projet de ce genre en particulier au niveau des ménages. « Si les femmes ne sont pas impliquées, le projet ne peut pas aboutir, malheureusement ce n’est pas la tendance dans nos pays, dès qu’on parle de financement, et qu’il s’agit de gérer les fonds c’est les hommes qui gèrent » regrette-t-elle.

Le biogaz obtenu à partir du biodigesteur offre plusieurs avantages, notamment la préservation de l’environnement et un aspect économique particulièrement pour les femmes, « quand elles utilisent le biogaz, elles n’ont pas besoin d’acheter du charbon, on sait aujourd’hui le charbon coûte excessivement cher, le prix est passé de 35 000 GNF le sac, à 45 000, 50 000 GNF », ajoute-t-elle.

Il constitue un outil d’autonomisation pour les femmes de ménage en milieu rural. L’effluent issu du biodigesteur riche en engrais constitue une source de revenus pour les femmes. « Si au niveau des ménages les gens arrivent à produire suffisamment c’est une source de revenu énorme. L’affluent et le compost qui sont des engrais organiques peuvent être vendus, c’est des sources de revenus pour les ménages », explique Soulemane Bambara, expert de la technologie du biodigesteur.

La technologie du biodigesteur au-delà d’être outil d’épanouissement pour les femmes, répond également à un besoin à dimension sociale, étant donné que les femmes et les enfants sont les plus vulnérables quand il y a conflit. Pour la petite histoire, lors de l’exécution du projet porté par Aïssatou Billy Sow à Tambama, il a permis l’entente et la cohésion entre agriculteurs et éleveurs souvent qui cohabitent sous des vives tensions. « Il y avait notamment un village d’agriculteurs, c’est ce village la qui bénéficiait beaucoup plus de bouse de vache qui était produite à Tambama, et donc quand on a fait la sensibilisation, on les a amené à venir visiter le biodigesteur, on leur a expliqué les avantages du fertilisant qui est obtenu à partir de la production du biogaz pour l’agriculture, et tout de suite, ils ont bien réagis, ils ont dit, mais dans ce cas, ce que vous êtes entrain de faire là peut nous aider à s’entendre avec nos amis éleveurs. Mais si eux, ils peuvent nous donner des fertilisants pour nos champs nous aussi on peut laisser leurs animaux venir divaguer sur nos terres après la période des cultures », se rappelle-t-elle. 

L’accès aux biodigesteurs répond à plusieurs besoins notamment la réduction de la consommation du bois comme source d’énergie et garantit une meilleure condition de vie pour les femmes ainsi que leur épanouissement en milieu rural.

Ibrahima Sory Bah et Fanta Barry

Ce reportage est réalisé dans le cadre du Projet Terra Africa piloté par CFI Media.

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Oumar Bagou

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