Situé dans la commune rurale de Koba, Kitikata, ce petit village d’agriculteurs et de pêcheurs frappé par la montée des eaux, risque de disparaître de la carte, si aucune disposition n’est prise pour contenir l’avancée de la mer. Pas de centre hospitalier, ni de route, les populations de Kitikata, sont en constant danger en cas de maladie ou de l’assaut répété des eaux.
Depuis plus d’une décennie, les habitants de Kitikata ont vu leur quotidien bouleversé par une montée des eaux sans précédent. Ce qui fut autrefois une route menant jusqu’à la belle et renommée plage, accompagnée d’infrastructures hôtelières, s’est progressivement transformé en façade engloutis par les eaux. Aujourd’hui, l’unique accès à ce village isolé est devenu un défi constant pour ses habitants.
Des vies en danger permanent
Il n’y a ni centre hospitalier ni route, les habitants de Kitikata vivent dans une précarité permanente, exposés non seulement aux assauts répétés de la mer mais aussi aux problèmes d’accès aux soins médicaux en cas de maladie. Chaque jour qui passe voit le spectre de la disparition de ce village se rapprocher davantage.
Les habitants de Kitikata, en grande partie des femmes et des enfants, sont particulièrement vulnérables face aux maladies. L’absence d’une structure hospitalière au sein de leur localité expose les enfants à d’énormes risques. M’Balia Camara, une mère de famille, décrit avec émotion leur calvaire. « Si une femme en état de grossesse doit se rendre à l’hôpital, et cela coïncide avec la montée des eaux, on emprunte la pirogue jusqu’à Taboria, et c’est à plusieurs kilomètres d’ici. Pour les enfants, s’ils tombent malades pendant la montée des eaux, nous sommes obligés d’attendre parfois que l’eau reparte pour aller à l’hôpital, parce que l’eau peut envahir tout le village », explique M’Balia Camara, désespérée.
La moto et la pirogue sont les moyens de transport que les populations locales utilisent pour aller se faire soigner ou pour tout autre besoin urgent. La marche reste le plus éprouvant, car déplacer un conducteur de taxi-moto coûte cher pour des personnes vivant de l’agriculture et de la pêche traditionnelle.
« Quand une personne tombe malade ici, nous sommes dans la plus grande inquiétude. Il faut déplacer une moto à 80 000 GNF pendant cette saison des pluies », a déclaré Aboubacar Doumbouya, chef secteur de Kitikata.
En saison sèche, les coûts et les efforts sont réduits, mais l’accès reste difficile.
« En saison sèche, il faut prendre le malade, traverser le pont, ensuite négocier un conducteur de taxi-moto, qui va l’envoyer à l’hôpital à 5 000 GNF », explique Aboubacar Doumbouya.
Quel avenir pour Kitikata ?
L’avenir de ce village, autrefois vibrant de culture et de tradition, dépend désormais des décisions courageuses et immédiates pour endiguer les flots dévastateurs de l’océan Atlantique. Interroger sur les solutions envisageables pour contenir l’avancée des eaux, Michael Dieng, doctorant en sciences de l’environnement indique : « Il faut ériger des digues frontales et associer les communautés dans le processus de recherche de solutions ».
Pour Kitikata, chaque marée haute est synonyme de risque et d’incertitude, rappelant à tous la fragilité des frontières entre la terre et la mer.
Ce reportage est réalisé dans le cadre du Projet Terra Africa piloté par CFI Media.
Mansa Moussa Mara