Le constat est inquiétant et jusque là des mesures idoines ne se profilent pas à l’horizon. Selon un récent rapport de l’enquête nutritionnelle, 34% des enfants en Guinée sont touchés par la malnutrition dont 8% à Conakry et 26% à l’intérieur du pays.
Un droit vital des enfants est délibérément négligé. Suite à la dernière enquête menée par le ministère guinéen de la santé et L’UNICEF : « Plus de 500 mille enfants sont malnutris. »
A l’institut de malnutrition et de la santé de l’enfant du CHU de Donka, les enfants mal nourris sont nombreux à être admis. Par an, ils peuvent atteindre plus de 500 mille surtout pendant les saisons hivernales. « Un enfant malnutri est celui qui amaigri, qui a la peau flasque ce qui explique le mauvais allaitement maternel, et la mauvaise pratique alimentaire, si le bébé n’est pas nourri de façon exclusive du lait maternel jusqu’à 6 mois il risque aussi d’être malnutri, » explique le Dr Aboubacar Bangoura médecin nutritionniste au CHU de Donka.
La négligence de certaines mères de famille donne de l’ampleur au phénomène. « Les femmes ne fréquentent pas les hôpitaux pour connaître à quel moment on introduit l’alimentation chez le nouveau né, et il y a aussi certaines mamans qui commencent très tôt à donner de la farine aux enfants moins de 6 mois. Automatiquement l’enfant sera malnutri, parce que le tube digestif n’est pas habitué à cela. De la naissance à 6 mois on ne doit rien donner à l’enfant même de l’eau. Et la maman doit être bien nourri pour pouvoir donner un lait immaculé, » rajoute le Dr Aboubacar Bangoura.
La malnutrition touche plusieurs familles. Cela se ressent surtout sur la croissance des enfants. Pendant que les pédiatres pointent du doigt à la malnutrition comme étant l’une des causes majeures de mortalité et de retard dans la croissance chez les enfants. Avec l’engagement de l’institut de malnutrition et de la santé de l’enfant du CHU Donka et la bonne volonté de Dr Aboubacar Bangoura les enfants sont suivis de près: ils sont nourris d’aliments riches et variés, le lait thérapeutique, la bouillie locale, des céréales enrichies avec les pâtes d’arachides, le haricot ou de protéines qui peuvent soigner cette maladie.
Malgré que la malnutrition sévît en Guinée, elle peut être bien évitée avec ces recommandations. « Bon suivi de la femme en grossesse, lorsque l’enfant est né, chaque mois il faut l’amener à l’hôpital même s’il n’est pas malade pour voir son évolution. Quand l’enfant arrive au 6 ème mois, il faut l’introduire d’alimentation complémentaire sans arrêter l’allaitement jusqu’à 2 ans. »
Selon le Programme Alimentaire Mondial (PAM) presque 200 millions d’enfants âgés de moins de 5 ans ont un poids inférieur à la moyenne parce qu’ils sont mal nourris. En 2020, plus de 45 millions d’enfants souffraient de malnutrition aiguë, une maladie potentiellement mortelle les rendant également vulnérables aux retards de développement et aux maladies.
Près des trois quarts de ces enfants vivent dans des pays à revenu intermédiaire de la tranche inférieure. La même année, les enfants présentant un retard de croissance atteignaient le nombre colossal de 149 millions. L’Afrique est la seule région où le nombre d’enfants victimes de cette pathologie a augmenté au cours des 20 dernières années, passant de 54,4 millions en 2000 à 61,4 millions en 2020, précise l’OMS.
Fanta BARRY