A 26 ans, la doctorante Ndeye Coumba Bousso étudie l’exploitation artisanale des macroalgues sénégalaises. Ces ressources marines connaissent de nombreuses applications en nutrition humaine jusqu’en biomatériaux.
La passion de Ndeye Coumba Bousso pour ces organismes marins provient des recherches que la jeune doctorante en génie chimique faisait durant son cycle universitaire. « Je croisais souvent des vidéos très intéressantes, portant sur les microalgues et les macroalgues, dont une vidéo d’une chercheuse française. Cela m’a fait décider de s’orienter sur les microalgues ou les macroalgues, j’ai choisi ces dernières », nous confie Coumba, rencontrée à l’occasion d’une visite guidée à l’ISRA, lors de la conférence des journalistes scientifiques francophones tenue à Dakar du 06 au octobre 2022.
C’est quoi les macroalgues ?
Les macroalgues forment des ressources marines avec de nombreuses applications (nutrition humaine et animale, santé des végétaux, cosmétique, gélifiants, bioplastiques, biomatériaux). Le Sénégal possède une zone côtière riche en ressources algales marines. « Certaines de ces algues ont des intérêts économiques tels que les Meristotheca senegalensis (bonne source d’iode, source de carraghénanes), l’Anatheca montagnei et l’Hypnea musciformis sont des sources de carraghénanes », précise la jeune chercheuse.
Toutefois, le problème est que, l’intérêt économique, social et environnemental de l’exploitation des algues au Sénégal reste sous-développé. Une équation que Ndeye Coumba Bousso veut inverser avec sa thèse.
Actuellement au Sénégal, seules quelques espèces – dont Meristotheca senegalensis et hypnea musciformis – sont récoltées, conditionnées et exportées au Japon et en Chine. « L’exploitation se déroule principalement à Ngor et Pointe des Almadies et consiste à une étape de lavage, de séchage et d’emballage » explique Ndeye Coumba Bousso.
Cependant, l’absence de normes sanitaires minimales, d’infrastructures adéquates et d’équipements nécessaires de la chaine d’exploitation, de la récolte jusqu’à l’emballage, entraine parfois des risques sanitaires pouvant nuire à une bonne exploitation des algues destinées à l’exportation.
Une (macro) opportunité à saisir pour le Sénégal
L’exploitation des macroalgues serait pourtant une source d’activités génératrices de revenus. Une exploitation durable des macroalgues passerait toutefois par l’établissement de l’algoculture afin d’augmenter la quantité exploitée.
Seulement, le choix d’un site et celui d’une espèce propice nécessitent l’étude des paramètres physico-chimiques des habitats naturels et la compréhension de l’interaction des espèces d’algues avec ces habitats naturels. C’est là que la recherche scientifique pourrait soutenir le développement et c’est dans ce contexte s’inscrivent certaines activités de la recherche de Coumba « les macroalgues au Sénégal et la pollution marine ».
Ces activités de recherche cerneront l’interaction des macroalgues avec les habitats naturels et également répondront à des questions d’ordre environnemental : en quoi la culture des macroalgues permettront la bioremédiation, par exemple ?
La bioremédiation consiste en l’assimilation des polluants présents en éléments traces (métaux, azote, phosphore…) des milieux pollués. On peut constater cette pollution au sein de la Baie de Hann.
Une autre interrogation porte sur les milieux riches en carbone, azote et phosphore qui pourraient être favorables aux cultures d’espèces. « La vision de cette étude est de proposer les expériences et les résultats comme modèles et pistes pour le développement de l’économie bleue dans la sous-région », détaille Ndeye Coumba Bousso.
Pour la jeune chercheuse détentrice d’un diplôme de technologie universitaire en génie chimique à l’Ecole Supérieure Polytechnique de Dakar et d’un diplôme d’ingénieur de conception en spécialité génie chimique, analyser une macroalgue est une source de motivation.
Participer modestement en l’opportunité d’explorer les pistes d’application des macroalgues au Sénégal, en apportant une pièce d’édifice à la connaissance scientifique, cela pousse la jeune dame à poursuivre ses recherches scientifiques.
Alpha Oumar Bagou BARRY