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L’érosion côtière à Conakry : les tenanciers de bars de la plage de Lambandji en péril

 La mer progresse au niveau de la plage de Lambandji à Conakry, compromettant la survie économique des tenanciers de bars et restaurants. Ils sont contraints de se déplacer constamment pour gagner de l’espace. Un espace qui se réduit de plus en plus. Sous le couvert de l’anonymat, un des administrateurs de la plage affirme que l’étendue de la plage s’est considérablement réduite au cours de ces dernières années en raison de la mer qui gagne du terrain.

Les exploitants de la plage de Lambandji montent et démontent assez souvent leurs bars, au risque de perdre leur investissement. Ils sont contraints de reculer pour gagner de l’espace, un espace en voie de disparition en raison de l’évolution de la mer vers la rive. 

Déplacements permanents : la course contre la mer

Plusieurs propriétaires de bars et restaurants se sont établis au fil du temps pour subvenir à leurs besoins, car cet endroit est prisé pour son attrait touristique. Coincée entre l’océan Atlantique et le bas-fond sur un long cordon sablonneux, cette plage et ses occupants font face aux défis de l’avancée de la mer. 

Plusieurs d’entre eux se sont déplacés à trois reprises au cours des trois dernières années. « Dans le temps le bar était là-bas, là où il y a les piquets, »montre de son index Jean Ismo, gérant de bar, l’emplacement de son bar, il y a quelques mois. 

Survie économique en péril

Ayant déménagé à deux reprises, Ismo se trouve dans une situation d’incertitude, car il dispose de peu d’espace à l’arrière de son bar. Il risque de perdre son bar au cas où la mer viendrait à s’avancer à nouveau. « Et là, maintenant on a effectué deux déplacements, ça joue sur notre économie, finalement nous risquons d’abandonner,»précise-t-il. 

Les déplacements de plus en plus nombreux mettent en péril la stabilité financière des exploitants, compromettant également leur visibilité. Éric Touré, un autre tenancier, s’est installé à la plage de Lambandji en 2020. À l’époque, il disposait de suffisamment d’espace pour accueillir ses clients. Aujourd’hui, en raison de l’avancée de la mer, il ne bénéficie plus que d’une portion d’espace sablonneux. Si la situation persiste, il risque de se retrouver au chômage ainsi que ses employés. « Pour reculer, c’est des millions en francs de guinéens que nous dépensons. Si tu n’as pas ces chiffres, ton bar échoue, tu perds, et ça t’envoie au chômage. Chaque bar emploie au moins deux personnes, »explique-t-il.

Les déplacements nécessaires pour éviter l’avancée de la mer engendrent des coûts considérables ; malheureusement, ils ont tendance à se produire fréquemment. « Quand la mer se dégrade, on perd de visibilité et de clientèle. Le déplacement a un coût de 12 à 13 millions de francs guinéens, »précise-t-il. Et, aussi « C’est difficile de s’adapter car c’est un phénomène naturel, nous n’avons pas les moyens pour lutter contre l’avancée de la mer, »s’inquiète-t-il.

Origines de la crise : réchauffement climatique et remblaiements

L’unanimité règne parmi les scientifiques quant à l’origine anthropique des causes. La fonte des glaces et la dilatation des océans, engendrées par le réchauffement climatique, sont fréquemment évoquées pour expliquer le phénomène. « Le réchauffement climatique dépend des émissions de gaz à effet de serre. Ces gaz, exprimés en quantité de CO2 émises dans l’atmosphère, réchauffent le climat, entraînant le dégel des glaciers aux pôles. Ce phénomène conduit à une augmentation du volume d’eau, perturbant le climat et la salinité, provoquant des mouvements éoliens et augmentant le niveau de la mer, » a expliqué le Professeur Kandet Bangoura, Enseignant chercheur au Centre de Recherche Scientifique de Conakry Rogbané (CERESCOR). 

Le processus poursuivant intensifie donc « les phénomènes climatiques, tels que les ouragans et entraîne une augmentation des surcotes, élevant les marées habituelles dans nos zones côtières, » ajoute-t-il. 

L’avancée de la mer provoque une situation préoccupante pour les exploitants de la plage de Lambandji, qui rencontrent des difficultés à faire face à cette problématique. « Freiner ça va être difficile, parce que c’est lié au changement climatique, mais on peut aller dans le sens de repousser, de retarder ou de diminuer l’ampleur » affirme un spécialiste. Très souvent, qu’est-ce que les gens font ? « Ils font des digues, ces digues vont permettre de casser les vagues et de réduire les fosses permettant en tout cas d’être moins vulnérable à cette montée des eaux » suggère le professeur Abdoulaye Fall, spécialiste en sauvegarde environnementale.

En attendant, le niveau de la mer s’élève, amplifiant les risques d’inondations côtières, mettant également en péril la stabilité des écosystèmes et la sécurité financière de ces entrepreneurs au niveau de cette plage. 

Ibrahima Sory BAH

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Oumar Bagou

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