Ce vendredi 22 mars, l’humanité a célébré la journée mondiale de l’eau, alors que le nouveau rapport, publié par l’UNESCO pour le compte d’ONU-Eau, est plutôt alarmant.
Selon ce rapport, 2,2 milliards de personnes n’ont toujours pas accès à des services d’eau potable gérés de manière sûre. Ce chiffre atteint 3,5 milliards de personnes s’agissant de l’accès aux services d’assainissement. L’objectif des Nations Unies de garantir cet accès à tous d’ici 2030 est donc très loin d’être atteint. Et il est même à craindre que les inégalités continuent de s’accroître dans ce domaine.
En effet, entre 2002 et 2021, les sécheresses ont touché plus de 1,4 milliard de personnes précise le même rapport. En 2022, environ la moitié de la population mondiale a connu une grave pénurie d’eau pendant au moins une partie de l’année et un quart a été confronté à des niveaux « extrêmement élevés » de stress hydrique, utilisant plus de 80 % de son approvisionnement annuel total en eau douce renouvelable. Le dérèglement climatique menace d’augmenter encore la fréquence et la gravité de ces phénomènes avec des risques accrus sur la paix sociale.
La réalité en Guinée
A l’occasion de cette Journée Mondiale de l’Eau, le ministre guinéen de l’Énergie, de l’Hydraulique et des Hydrocarbures a souligné l’importance de cette ressource vitale et la nécessité d’une gestion durable. Toutefois, derrière les paroles encourageantes se cachent des défis énormes et des questions persistantes sur la véritable efficacité des mesures annoncées.
Aboubacar Camara a rappelé le thème de cette année, “L’eau pour la paix”, mettant en avant le rôle crucial de l’eau dans la prévention des conflits. Il a également souligné les efforts du gouvernement pour améliorer l’accès à l’eau potable, avec un taux d’accès en augmentation à 31% en milieu urbain et 26% dans les villes de l’intérieur.
Pourtant, la réalité sur le terrain est bien différente. La gestion inappropriée du sous-secteur de l’eau potable en Guinée est marquée par le sous-investissement, une capacité opérationnelle limitée et des infrastructures insuffisantes et vétustes, ce qui compromet la qualité et la disponibilité de l’eau pour de nombreuses communautés. De plus, malgré les annonces de financement et les réformes structurelles, la mise en œuvre des projets en Guinée reste souvent entravée par des obstacles qui ne disent pas leur nom.
Il est également crucial de se poser des questions sur la transparence et l’efficacité de la gestion des fonds alloués au secteur de l’eau. Alors que des milliards sont annoncés pour financer des projets, il est essentiel de s’assurer que cet argent est réellement utilisé de manière efficace pour répondre aux besoins des populations les plus vulnérables.
Des problèmes persistent
Si nous regardons de plus près, pour accéder à l’eau potable, dans la plupart des villes, les populations doivent souvent parcourir de longues distances ou emprunter d’interminables files d’attente au niveau des forages réalisés par l’État, des ONG ou des personnes disposant des moyens financiers. La collecte de l’eau est le plus souvent dévolue aux femmes et aux jeunes filles. Dans les zones où l’accès à l’eau potable est difficile, les populations se contentent de l’eau des puits qui est loin d’être saine.
Pourtant, le pays « château d’eau de l’Afrique de l’Ouest », est parcourue par de nombreux grands fleuves qui y prennent leur source avant de traverser d’autres pays. Sans oublier sa forte pluviométrie, près de 4 000 mètres cubes annuels.
En fin de compte, la vision de la Politique Nationale de l’Eau de la Guinée est ambitieuse, mais sa mise en œuvre demande un engagement réel et une coordination efficace entre les différents acteurs. La Journée Mondiale de l’Eau doit être l’occasion de passer des discours officiels aux actions concrètes, afin de garantir un accès universel et équitable à cette ressource vitale pour tous les Guinéens.
Alpha Oumar Bagou BARRY