Depuis l’apparition des premiers cas positifs de covid-19 à Fria, ville minière, située à 160 km de Conakry; les autorités sanitaires n’ont ménagé aucun effort pour entreprendre des plans pour lutter contre ce virus aux sources toujours énigmatiques. Sur 95 cas positifs détectés dans toute la préfecture, seul un cas est hospitalisé dans le centre de traitement épidémiologique, selon le directeur préfectoral de la santé de la ville. Comment le comité préfectoral de gestion de la crise sanitaire est-il parvenu à ce résultat ?
Le 03 mai 2020, Fria et ses 65 000 habitants se sont réveillés avec une mauvaise nouvelle: les premiers cas confirmés de covid-19 sont recensés avec six personnes testées positives. L’inquiétude s’est vite propagée comme une trainée de poudre dans la ville. Cette nouvelle a ensuite fait effet du mauvais souvenir de la période de l’épidémie d’ebola 2013-2016 au sein de l’administration locale.
Un comité de suivi mis dans l’urgence
Face à cette situation, le comité de suivi qui était en veille depuis la fin d’Ebola a été réactivé pour mettre en marche l’expérience de gestion de crise sanitaire acquise afin de faire face à la nouvelle pandémie. Avec un petit réajustement, le comité s’est vite engagé dans la lutte contre la propagation du virus, tout en proposant un plan d’urgence de riposte.“le comité s’est réuni, on a proposé diverses activités, à savoir la sensibilisation qui était là en batterie avec les radios de la place, et au niveau des mosquées. Et on a mis en place des cordons sanitaires qui ont été vraiment rentables,” affirme Dr Ibrahima Diallo, directeur préfectoral de la santé de Fria.
Les six premières personnes qui ont contracté le virus sont tous des travailleurs de l’usine Rusal-compagnie minière russe basée dans la préfecture. Dès lors, les appuis de cette industrie n’ont pas tardé à se concrétiser sur le terrain. Pour ce faire, elle a mis en place un centre de traitement épidémiologique quasi moderne avec un équipement de 34 lits et une prise en charge des malades allant de la nourriture jusqu’à l’habillement. Bien avant, la mise en place du centre de traitement épidémiologique de Fria, les malades du covid-19 étaient évacués vers Kinda à 156 km de là pour leur prise en charge.
Les efforts des professionnels de santé et des populations
Les efforts consentis par les professionnels de la santé et les populations dans le strict respect des gestes barrières, au début de la pandémie, le directeur préfectoral de la santé se félicite de ses plans de riposte en revenant sur des statistiques obtenues. “Pour le compte de Fria, il y a eu 95 cas positifs au total, dont 10 qui ont été testés à Conakry sous le label de Fria, et qu’on a jamais retrouvé, 83 sortis guéris, 1 décédé et 1 hospitalisé à la date d’aujourd’hui, (mardi 8 décembre 2020, ndlr)’’ explique le directeur préfectoral de la santé.
Avec l’ouverture des écoles, une stratégie de riposte a été mise en place avec la collaboration de la direction préfectorale de l’éducation, un test covid-19 obligatoire à tous les enseignants et fonctionnaires de l’administration publique, à priori ceux du département préfectoral de l’éducation, ou 2 cas positifs ont été détectés au cours de cette opération.
Un bilan moins grave en matière de contamination et de décès
Dans le combat contre le coronavirus, jusqu’à maintenant, la préfecture de fria réalise un exploit avec un bilan moins grave en matière de contamination et de décès. Mais cet exploit peut-il demeuré longtemps ? Alors que sur le terrain, le constat révèle que les gestes barrières sont pratiquement foulés au sol par un nombre important de la population. “C’est un mauvais comportement que les habitants de Fria s’inspirent des gens qui viennent de la capitale,” se désole Dr Ibrahima Diallo.
Ibrahima Sory Bah, de retour de Fria