Pendant que le monde scientifique et les industries pharmaceutiques peinent encore à trouver un vaccin contre la Covid-19, les regards se sont tournés vers la Chloroquine expérimentée par le Professeur Didier RAOULT et d’autres praticiens dans la prise en charge des patients atteints de Covid-19.
Mais, contre toute attente, un comité scientifique a émis des réserves sur l’utilisation de la chloroquine associée ou non à l’azitrhomycine dans la prise en charge des malades de Covid-19. Les résultats d’une étude menée sur l’efficacité de la chloroquine dans la prise en charge de cette infection virale parlent d’effets secondaires très graves sur le rythme de la conduction cardiaque de ces malades.
Croire sans jamais se poser de questions ?
La réponse est incontestablement « NON ». Les scientifiques l’ont démontré pour dire « qu’il n’y a point de bénéfice dans le traitement avec la chloroquine & associés ». Pour Docteur Gouly CISSE, Médecin de Sante Publique, spécialiste en Epidémiologie, et Chef d’un Département de Santé Publique au niveau Territorial en Ile de France, à en croire les résultats de recherches des plusieurs comités scientifiques sur le terrain, la conclusion nous interpelle pour dire attention : « l’utilisation de la chloroquine représente un danger majeur, surtout pour la population malade de 65 ans ou plus ».
Cependant, cet antipaludéen décrié par une partie des scientifiques de par le monde avait bel et bien redonné espoir quand le monde ne savait plus où se donner la tête. « Le Coronavirus a secoué le monde dans tous les domaines et défié le monde médical et pharmaceutique. Avec toutes les alertes et les réponses par rapport à une pandémie, le monde scientifique a été surpris. Les pratiques quotidiennes ont été bouleversées », explique le Dr CISSE.
Faut-il continuer à utiliser la chloroquine en Guinée ?
Alors que certains médecins épidémiologistes en Guinée crient à l’efficacité de l’hydroxy-chloroquine dans le traitement des personnes atteintes du Coronavirus, la conclusion de l’étude publiée par The Lancet rapporte que l’utilisation de ce médicament apporte plus de dangers que de bénéfices directs. Une raison de plus de se servir de la chloroquine avec toutes les précautions nécessaires.
« Sachant que je ne suis pas compétent pour dire qu’il faut donner ou pas, la Chloroquine en Guinée, je puis tout simplement dire (à population égale risque égal), dès lors qu’il a été démontré avec The Lancet que le risque de complications (la détresse respiratoire et/ou le décès) est de 34 à 45% plus élevé parmi les populations de Covid-19 ayant bénéficié de la chloroquine associée ou non à l’Azithromycine, comparativement à la population non traitée », explique le Docteur Gouly Cissé.
Compte tenu de ces résultats, par principe de précaution, il est recommandé d’éviter de donner de la chloroquine en Guinée aux personnes âgées de 65 ans et plus, touchées par la Covid-19. « Donc, il y a une discrimination à ce niveau qu’il va falloir faire. Mais c’est beaucoup plus protecteur pour cette catégorie de population, que si on les exposait aux risques surajoutés liés à l’utilisation de la chloroquine associée ou non à l’Azitrhomycine. Par conséquent, l’utilisation de la chloroquine sur des personnes malades en Guinée doit être relativisée », ajoute le Docteur Gouly CISSE, médecin épidémiologiste.
Une observation scientifique assez alarmante !
C’est une étude observationnelle effectuée par des chercheurs et des scientifiques dans les hôpitaux des différents continents. Selon les avis de ce médecin épidémiologiste et Chef d’un Département de Santé Publique, cette étude dont la robustesse ne pose aucun doute inclue 96.032 patients atteints de Covid-19, hospitalisés entre décembre 2019 et avril 2020 dans 671 hôpitaux, dans les 6 continents. Elle compare plus de 14 000 patients traités par la chloroquine sous différentes formes à plus de 81 000 patients de Covid-19 non traités. L’inquiétude et la désolation s’installent chez les patients depuis la parution de cette étude. Elle conclut que la très controversée hydroxy-chloroquine n’est pas du tout bénéfique pour les patients de la Covid-19 et peut être d’ailleurs très néfaste et dangereuse pour la santé de la population atteinte du Coronavirus.
Les avantages socio-démographiques en Guinée !
Plusieurs facteurs ont contribué à diminuer le taux de mortalité dans les pays d’Afrique. Parmi ces facteurs, la Guinée comme bon nombre de pays africains, précisément sub-sahariens ont majoritairement une population jeune, et la température dépasse largement la moyenne. Pour le cas de la Guinée, 61% de la population à moins de 25 ans, à en croire les statistiques qui date de juillet 2016.
« En réalité, la population guinéenne est une population très jeune et les personnes atteintes de la Covid-19 n’ont pas une caractéristique socio-démographique superposable à la population occidentale », explique le Docteur Gouly CISSE. Si les personnes âgées sont très vulnérables avec la pandémie de coronavirus, l’âge jeune, représente ainsi un facteur protecteur et entraîne un moindre risque en cas de maladie. « En ce qui concerne la population jeune, qu’elle bénéficie ou pas de la chloroquine, l’histoire naturelle de la maladie a montré que cette population jeune peut mieux s’en sortir et le risque n’est que mineur. Pour cette population, donner de la chloroquine n’a d’autres effets que de donner le sentiment psychologique que ces malades ont été traités. Mais ce protocole est sans effet bénéfique. Cette hypothèse a été clairement démontrée par de nombreuses études publiées dans plusieurs articles », souligne le Dr Gouly CISSE, Praticien Hospitalier en Santé Publique et épidémiologiste basé en Région Parisienne.
Depuis son apparition à Wuhan dans la ville de Hubei (Chine) en décembre 2019, la Pandémie à Covid-19 ne cesse de faire de victimes dans le monde. A ce jour, plus de 6.057.853 de cas confirmés ont été enregistrés dans le monde et 371.166 personnes en sont mortes. Les modes de vie ont été perturbés et plu d’un demi-milliard de personnes ont été confinées dans le monde.
Mamadou Kindy BAH