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Ces africains qui utilisent la technologie pour révolutionner le système de santé 

Les difficultés d’accès à des soins de santé de qualité par les populations des zones rurales et la multiplication des épidémies amènent l’intelligentsia africaine à se pencher sur la technologie pour proposer des solutions. Dans plusieurs pays africains à l’image de la Guinée et du Sénégal des solutions 100% digitales et africaines sont développées dans le domaine de la santé. 

La technologie permet d’évoluer de façon exponentielle dans le domaine de la santé, c’est un grand avantage d’avoir des solutions digitales, parce qu’en matière de santé, le temps est la clé de tout. Plus un patient est rapidement dépisté, mieux il a la chance de bénéficier de premiers soins et donc d’un traitement approprié. La technologie est un multiplicateur, il booste les médecins dans leur travail au quotidien. 

Un domaine exploré par l’intelligentsia

Depuis fin 2018, Mountaga Keita directeur général de Tulip Industries et son équipe ont créé une borne interactive de télémédecine qui permet d’examiner les patients à distance même dans des zones très reculées du pays. La borne est connectée à internet et elle permet à beaucoup de médecins d’intervenir pour faire le diagnostic d’un patient qui n’est pas en face d’eaux. “Certains peuvent être à l’étranger mais ils voient en temps réel virtuellement les constantes vitales non filtrées du patient et peuvent intervenir pour un meilleur diagnostic. Nous avons ensuite créé une sorte de miniaturisation pour rendre beaucoup plus mobile cette technologie, en créant des tablettes e-santé” explique Mountaga Keita.

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Tablette E-Santé de Tulip Industries

Gagner du temps pour sauver des vies 

A la base la tablette télémédecine de Tulip Industries était conçue pour les militaires en zone de guerre. Elle aide à diagnostiquer pour venir très vite à l’aide aux soldats touchés. Mieux, cette invention permet de faire l’échographie des femmes enceintes depuis un village et un médecin en ville va recevoir les données en live. A travers ces données transmises, il peut déterminer si le bébé est bien positionné ou s’il a des problèmes. 

“A l’apparition du Coronavirus, nous avons développé des fonctionnalités qui permettent de signaler la saturation en oxygène ou la désaturation en oxygène de sang chez un citoyen, mesurer la température. Ce n’est pas seulement la température du corps, mais nous utilisons l’image thermique pour desceller les différentiels de température. A partir de cette triangulation la tablette est capable de nous démontrer si nous avons en face une personne à risque ou pas. Après tout cela s’il y a des anomalies, la personne fait le test PCR. L’hôpital National Donka, le centre de traitement des épidémies de Nongo utilisent ce service depuis sa mise à disposition aux responsables par notre équipe” a affirmé, Mountaga Keita, directeur général de Tulip Industries. A travers ces tablettes, un seul agent était en mesure de prendre la température de plusieurs personnes regroupées afin de mettre à l’écart ceux qui présentent des températures anormales et donc suspectes au Covid.  

Aider les médecins à bien gérer le temps

Au Sénégal, Djim Momar Lô la vingtaine révolue est cofondateur de la plate-forme Photonlnc, une startup qui propose des solutions digitales. Avec son équipe, Djim Momar Lô a réussi à mettre en place un système technologique qui, grâce à l’intelligence artificielle permet de détecter la tuberculose chez les patients atteints de la maladie. Notre interlocuteur fait savoir que le logiciel permet de résoudre un problème récurrent dans les hôpitaux (ndlr : au Sénégal). Le problème de temps ! Il arrive, nous dit-il, qu’on ait beaucoup de radios thoraciques à faire dans une journée et que le médecin doit vérifier ces images, une par une afin de détecter la tuberculose. Pour cette raison selon lui, “le mieux est d’avoir un logiciel qui peut permettre d’avoir des préavis ou de vérifier l’hypothèse. Ceci pourrait amoindrir le travail du médecin et l’aider à gérer son temps. Si on introduit dans le logiciel des images de tuberculose ou des images normales, il pourra faire la clarification et dire si dans ladite image, la personne pourrait souffrir de tuberculose ou pas” a-t-il expliqué. En réalité, ces images correspondent à des radios thoraciques (images piochées sur internet) qui sont soumises au système d’intelligence artificielle pour faire la déduction.

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Djim Momar Lô, cofondateur de la plate-forme Photonlnc au Sénégal

Une technologie qui dépasse les frontières guinéennes 

Le directeur de Tulip Industrie a présenté son invention dans plusieurs pays comme le Mali, le Sénégal, le Niger, la République du Congo où la technologie a été vulgarisée. “Au Mali, l’ancien gouvernent était très intéressé par cette technologie, mais la venue du Coronavirus ce n’était pas évident. C’est le même cas de plusieurs autres pays, et nous sommes en train de relancer ces discussions pour la mise en place de cette borne télémédecine dans ces pays” espère Mountaga Keita, l’inventeur de la borne télémédecine.

Si pour Mountaga Keita l’heure est à la vulgarisation et la commercialisation de son invention, Djim Momar Lô, lui a une autre étape à franchir. Pour ce jeune créateur, le défi majeur reste la certification de son invention. “Le système n’est pas encore utilisable dans les hôpitaux sénégalais. Il faut un ensemble de tests à faire pour que ça respecte certaines normes scientifiques et on pourra l’adopter dans les hôpitaux” a reconnu Djim Momar Lô. 

Toutefois Djim Momar Lô garde l’espoir de voir cette technologie dans les hôpitaux au Sénégal, partout sur le continent africain et ailleurs dans le monde. Le chemin est encore long, mais des africains croient que des solutions digitales développées sur place peuvent donner une grande force au système de santé longtemps resté inaccessible pour beaucoup de citoyens. 

Quid de la reconnaissance de ces inventions dans le domaine de la santé 

Le numérique aujourd’hui c’est l’avenir de demain ! Cet adage populaire trouve également sa place dans le domaine sanitaire. Pour ce scientifique, il est heureux d’observer des initiatives dans le rang des jeunes africains. Cependant un défi majeur lié à la reconnaissance et la validation de ces découvertes reste à relever. Pour ce faire, le docteur Oumar Faye, chercheur en virologie, responsable adjoint du pôle de virologie au département du même nom, à l’Institut Pasteur de Dakar, explique “je pense qu’il faut avoir les tests de références, ensuite les comparer par rapport à ces innovations pour évaluer leur performance”.  Selon ce dernier, si on atteint un certain nombre de performance en termes de sensibilité ou autres, on peut les intégrer dans le système de santé dit-il.

De qui doit venir la décision d’intégration ? 

Ça dépend des pays, répond le chercheur Oumar Faye. Il fait savoir que les laboratoires de références sont mieux indiqués pour ces différents tests et validations scientifiques nécessaires : “Je pense, qu’il y a des laboratoires nationaux de références qui sont là pour accompagner ces initiatives“. A l’Institut Pasteur poursuit-il, “nous sommes aussi membre de ce système de laboratoire  de validation, de vérification des méthodes”. Ce chercheur en virologie ajoute qu’il existe deux systèmes dans un test. “D’abord, énonce-t-il, le système de validation. C’est l’inventeur qui dit que son test est valide, et qu’il est prêt à le vendre. Une fois qu’il le vent, le pays doit le vérifier en passant par le laboratoire, pour faire ce qu’on appelle la vérification. Est-ce qu’on a les mêmes performances que celle de la validation ?“. Cela est très important, conclut-il. 

Quant au directeur de la recherche biomédicale à l’Institut Pasteur de Dakar, Xavier Berthet, les chercheurs n’ont qu’une petite partie de responsabilité au sujet de la problématique liée à la considération et la production à  grande échelle des innovations en santé. “Les chercheurs ont juste le privilège de comprendre les phénomènes, de trouver une solution” fait-il savoir.

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Xavier Berthet, Directeur de la recherche biomédicale à l’Institut Pasteur de Dakar, Photo : @BagouBarryGN

Il ajoute qu’après,” il faut d’autres profils comme des entrepreneurs des gens qui vont appliquer, des investisseurs, il faut des gens qui comprennent la création de la proposition de valeurs”, pour l’acheminement du processus de mise à grande échelle. 

Alpha Oumar Bagou BARRY (Conakry-Guinée) 

Kuessi Giraud Togbé (Dakar-Sénégal)

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Oumar Bagou

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