Située à une trentaine de kilomètres de Conakry, Kopèrè, petit district de la préfecture de Dubréka, accueille ce refuge vert qui abrite beaucoup d’espèces de plantes médicinales triées dans les 4 régions naturelles du pays et d’ailleurs dans le monde.
Ce jardin qui s’étend sur une vingtaine d’hectare en face d’une palmeraie, est l’une des composantes de l’Institut de Recherche et de Développement des Plantes Médicinales et Alimentaires de Guinée (IRDPMAG). Tout comme l’Institut, le jardin a été créé en mars 2000 devenant ainsi le principal élément qui a permis à la mise en place de l’IRDPMAG à Dubréka.
À l’écart du bruit de la capitale guinéenne. Et soudain le silence. Rien que le vent qui fait frémir les feuilles à la cime des arbres. Par-ci, par-là, on entend le chant des oiseaux au bout des allées. Aménagé au voisinage d’une magnifique mangrove, le jardin botanique de Kopèrè rend hommage à la végétation guinéenne : MYRTACEAE, LEGUMINOSAE, RUTACEAE, APOCYNACEAE, EUPHORBIACEAE, COMBRETACEAE et plantes exotiques.
Restaurer la Biodiversité
Le jardin botanique de Kopèrè constitue aussi un lieu de conservation des plantes guinéennes et africaines qui sont en voie de disparition à cause de l’urbanisation et autres pratiques de la société. C’est pour cette raison que les responsables le transforment en un lieu de restauration de la biodiversité.
À travers des recherches menées à partir de quelques espèces de plantes, l’Institut de Recherche et de Développement des Plantes Médicinales et Alimentaires de Guinée a réussi à développer une solution pour le traitement du diabète. « Le diabète est l’une des pathologies qui constituent un sérieux problème de santé publique dans notre pays. Nous travaillons à améliorer davantage sur la valorisation de notre pharmacopée dans le cadre de la prise en charge du diabète. Nous avons des formulations à la base de la microsphère qui donne des résultats très prometteurs chez des patients diabétiques », a affirmé le Pr Elhadj Saidou Baldé, Directeur Général de l’IRDPMAG.
Quatre antennes régionales
L’Institut de recherche dispose de chercheurs un peu partout en Guinée. Il a quatre antennes implantées dans les quatre régions naturelles du pays. Ses travaux sont axés sur les enquêtes épidémiologiques (Paludisme, Diabète de type 2, l’hypertension artérielle), l’investigation Ethno pharmacologique (Helminthiases, les infections microbiennes, VIH sida, cancers, les compléments alimentaires), la rédaction de Monographie. « Nous avons tiré déjà quatre médicaments dans ce jardin. Un médicament contre l’hypertension du MHTA. Nous avons tiré un autre contre le paludisme, un produit contre le diabète et enfin un autre contre les dermatoses. Et la plupart des plantes de ce jardin est utilisée soit pour une ou deux seulement, pour une pathologie donnée. On ne dépensera pas beaucoup d’argent, pour aboutir à des formes améliorées de médicaments, ou alors pour isoler des molécules qu’on pourrait vendre à des firmes pharmaceutiques internationales », à souligner le Dr Mohamed Kerfalla Camara, pharmacien et chef d’antenne de la Basse Guinée au sein de l’Institut.
Former aussi, c’est l’une des missions de l’IRDPMAG
La formation est de mise et de qualité pour les étudiants qui veulent faire carrière en pharmacognosie. C’est dans cette optique que s’est inscrite la direction générale de l’institut pour pouvoir maintenir la relève dans le secteur des plantes médicinales. « L’autre volet important, c’est aussi la participation des étudiants en formation initiale, et en Master. La relève est aussi notre préoccupation, il y a une chose que nous sommes entrains de réussir, il y a une trentaine d’étudiants inscrits dans notre Institut. Et il est reconnu aujourd’hui pour les inscriptions pour le Doctorat. Nous avons 6 candidats de thèse en Doctorat de 3ème cycle dont la formation se fera ici », a rappelé le Dr Mohamed Kerfalla Camara.
Plusieurs plantes ont déjà fait l’objet d’étude qui a donné des lueurs d’espoir et de médicaments. Cela constitue un signe encourageant pour les chercheurs et un bonheur pour les populations qui trouveront ainsi un soin approprié et assuré. Ouo Ouo Sangbé, a consacré sa vie depuis une dizaine d’années à tirer des plantes du jardin pour guérir des gens. « J’ai traité des patients depuis plusieurs années, de la migraine, des maladies de la stérilité homme et femme, des maladies diarrhéiques et d’infections », s’est réjoui ce guérisseur traditionnel de l’Institut de Recherche de Développement des Plantes médicinales et Alimentaires de Guinée.
Le principe de sauvegarder la végétation
Dans ce jardin, toute la végétation est sauvegardée et protégée. Rien ne doit être endommagée ou piétiné. D’autres variétés de plantes récemment cultivées sont entrains de faire la preuve sur le terrain de la pharmacognosie. Elles ont des effets pharmacologiques assez évidents qui vont orienter l’Institut de Recherche de Développement des Plantes Médicinales et Alimentaires de Guinée, vers des effets thérapeutiques évidents.
Amadou Dari Diallo