Dans un entretien que le Dr Alseyni Camara, directeur préfectoral de l’agriculture de Boffa nous a accordé, il a parlé des étendues de plaines que dispose ladite préfecture. Si elles sont réellement exploitées dans les conditions normales, la Guinée pourra résoudre l’équation de l’insécurité alimentaire, affirme-t-il.
Universciences : Quels sont les services de compétence de votre direction ?
Dr Camara : La direction nationale de l’agriculture est chargée de coordonner et de gérer tout ce qui est du secteur rural. Pour bien mettre en application la politique nationale de développement agricole, cette direction collabore avec différents services techniques.
Universciences : Et quels sont ces services techniques ?
Dr Camara : Nous avons la section de la promotion agricole, la section des denrées stockées, la section du génie rural, celle de la promotion rurale et du conseil agricole et une cellule des statistiques agricoles.
Universciences : Concrètement, quelles sont les opportunités que Boffa présente pour l’agriculture ?
Dr Camara : Boffa présente beaucoup d’opportunités aujourd’hui, qui nous permettent de pratiquer la riziculture dans les bas-fonds, l’agriculture sur les montagnes et celle dans la mangrove. Ces quatre opportunités permettent de faire face à l’insécurité alimentaire.
Universciences : Quelles sont les plaines disponibles pour pratiquer l’agriculture ?
Dr Camara : D’abord, si vous prenez les plaines rizicoles de Mankountan ; elles se chiffrent à 9450 hectares. Voilà un atout qui peut faire profiter ce pays dans le cadre de la sécurité alimentaire. Ensuite, les plaines aménagées dans la commune rurale de Tougnifily, qui font 4200 hectares. Il y a aussi les plaines de Koba qui peuvent se chiffrer jusqu’à 7000 hectares et on nous avons aussi la mangrove et l’arrière mangrove. Donc, toutes ces plaines se prêtent à la culture du riz qui est d’une variété hâtive et rationnelle.
Universciences : Parlez-nous des rendements de ces plaines, avez-vous des explications beaucoup plus approfondies ?
Dr Camara : Sachez que toutes ces plaines ont eu la chance d’abriter des variétés qui sont venues non seulement des autres stations et des autres pays qui ont signé le partenariat de collaboration en matière d’échange au niveau de la CEDEAO. Je vais vous donner par exemple le nerica 4, le nerica LC, les CK 40 et les CK 19 qui sont résistantes à la toxicité ferreuse. Il y a des variétés qui s’adaptent dans ces conditions edafo-climatiques dans ces différents milieux. Ce sont des variétés qui peuvent apporter de hauts rendements, sur le plan préfectoral. Si vous prenez les variétés nerica dans les conditions de station de recherche, c’est-à-dire si tous les apports nous permettent, nous pouvons avoir jusqu’à 2,2 tonnes par hectare.
Universciences : Qu’est-ce qu’il faut pour que le rendement augmente ?
Dr Camara : Quiconque parle de rendement élevé, de la meilleure qualité des variétés, doit tenir compte des aménagements des domaines. Si je prends Koba par exemple, nous avons eu des problèmes l’année passée parce que les ouvrages primaires, secondaires, tertiaires et les diguettes qui permettent d’emmagasiner l’eau ont complètement lâché. Donc si l’agriculteur ne peut pas maitriser l’eau et le calendrier agricole, il peut être exposer à des intempéries comme la réduction des facteurs de rendement. C’est-à-dire, quand l’eau rentre dans ces cassiers nous constatons un phénomène de chlorose qu’on peut constater au niveau du riz et dans les phénophases du riz.
Universciences : Qu’est-ce que vous voulez dire au juste ?
Dr Camara : Il faut savoir que le riz a besoin de certaines lames d’eau au stade végétatif de 2 à 3 cm, au stade de tallage de 3 à 5 cm, au stade de la maturité de 1, 5, à 15 cm. Ceci est important parce que, quand le riz est proche de cette phase il n’a pas assez de lait pour la formation de 7 à 15cm et là nous constatons la stérilité des grains. C’est pourquoi, nous n’avons pas besoin de pratiquer l’agriculture intensive car, vous avez 0,5 qui fait la moitié d’un hectare pour dire que vous pouvez faire face à l’autosuffisance alimentaire en Guinée. Il faut donc aménager des superficies considérables, donner une bonne formation aux paysans pour connaitre les itinéraires techniques. Surtout dans le cadre des différents suivis techniques de variétés du riz qui peuvent être obtenu à partir des stations de recherche.
Propos recueillis par Alimou Satina DIALLO