Les maladies rares, sont le plus souvent négligées ou carrément confondues, pourtant elles existent et parfois très dangereuses pour les populations. Ce vendredi 24 février, elles faisaient l’objet d’échanges à l’occasion du colloque scientifique à l’Université Gamal Abdel Nasser de Conakry. Universciences vous aide à mieux comprendre ce thème avec le Docteur Bruno Bucheton, chercheur à l’Institut de Recherche pour le Développement (IRD).
Les maladies tropicales négligées sont des maladies mal connues par les populations. Elles touchent généralement les populations les plus pauvres qui sont souvent rurales et qui sont éloignées du système de santé. Les maladies tropicales négligées (MTN) constituent un groupe diversifié de 20 affections qui sévissent principalement dans les zones tropicales, où elles touchent plus d’un milliard de personnes dans les communautés les plus pauvres, selon l’Organisation Mondiale de la Santé (OMS).
Qu’en est-il en Guinée ?
« En Guinée, il y a au moins 10 ou 12 maladies répertoriées dans la catégorie des maladies tropicales négligées dont : la rage, la schistosomiase qui une maladie aiguë et chronique provoquée par des vers parasites, la lèpre, l’ulcère de buruli, la maladie du sommeil (la trypanosomiase humaine africaine) sur laquelle je travaille, le pian et bien d’autres encore » a rapporté Dr Bruno, chercheur à l’Institut de Recherche pour le Développement (IRD).
À en croire les spécialistes, ce sont des maladies à ne pas sous-estimer car elles peuvent bien être fatales à l’homme. Ces maladies ont des conséquences sanitaires, sociales et économiques désastreuses pour plus d’un milliard de personnes selon l’Organisation Mondiale de la Santé (OMS).
Les causes ?
Elles sont multiples et variées en fonction de la maladie. Ces maladies sont causées principalement par divers agents pathogènes (virus, bactéries, parasites, champignons et toxines). « Il y en a qui sont transmises à transmission vectorielle comme la maladie du sommeil qui est transmise par les mouches tsé-tsé, que l’on trouve dans certaines régions rurales de l’Afrique subsaharienne. Ou l’onchocercose qui est transmise par une petite mouche qu’on appelle la simulie, et puis il ya d’autres maladies qui sont des maladies transmissibles par contact comme la lèpre qu’on attrape par le touché » a expliqué le Dr Bruno.
Les maladies tropicales négligées (MTN) sont très faciles à transmettre, il est important donc d’en parler et de sensibiliser les populations surtout dans les zones rurales. Les MTN sont souvent transmises par des contacts inter-humain, eau insalubre, nourriture contaminée mais pas uniquement. Une maladie tropicale peut également résulter d’un contact récurrent avec les animaux, de piqûres de moustiques, de tiques et autres arthropodes.
Les symptômes
Souvent les premiers symptômes au début de la maladie ne sont pas spécifiques. Ils ressemblent un peu à ceux du paludisme, par exemple donc c’est des fièvres, des céphalées entre autres. C’est ce qui fait que souvent les médecins ne les reconnaissent pas. Ils vont penser à un paludisme, ils vont penser à une typhoïde mais ils ne pensent pas à la maladie du sommeil par exemple. « C’est seulement au bout de quelques mois qu’on passe dans une 2ème phase qui est une phase neurologique ou le parasite passe dans le cerveau et là ça commence à causer des troubles du comportement de la folie, elle devient agressive, des troubles du sommeil, ça ce sont des signes par contre qui sont beaucoup plus spécifiques » a expliqué le chercheur, Dr Burno.
Où pouvons-nous retrouver ces maladies qualifiées de négligées en Guinée ?
« Ça dépend des maladies, elles ne sont pas toutes partout. La maladie du sommeil par exemple actuellement on ne la retrouve qu’en basse côte dans les zones de mangroves. La lèpre c’est quand même une maladie qu’on va retrouver sur l’ensemble du pays mais qui est un peu plus vaste aujourd’hui, l’onchocercose on la retrouve sur le bord des rivières là où vivent les mouches qui transmettent cette maladie » a précisé le Dr Bruno.
Les efforts de lutte
Plusieurs efforts ont été fournis dans le but de vaincre ces maladies appelées tropicales négligées au moment où elles faisaient des ravages. Et aujourd’hui cela devient un souvenir lointain pour bon nombre de personnes, toutefois, la bataille n’est pas encore gagnée.
« Si je prends par exemple la maladie du sommeil puisque c’est là-dessus je travaille, les statistiques sont bonnes dans le sens ou la Guinée était vraiment un des pays les plus touchés en Afrique de l’ouest. Il ya eu beaucoup d’activités de lutte ces 10 dernières années. Et Aujourd’hui on est passé à ce qu’on appelle le seuil d’élimination de la maladie comme problème de santé publique. Ça veut dire qu’il ya moins de 1 cas pour 10 mille habitants dans les zones endémiques. L’année dernière on a eu seulement 30 cas de maladies qui ont été dépistés et traités en Guinée. Alors qu’il y en avait beaucoup plus avant » a ajouté Dr Bruno, chercheur à l’IRD.
S’agissant de la prise en charge des malades, beaucoup de ces maladies tropicales négligées notamment la maladie du sommeil, le dépistage est gratuit les tests sont gratuits et le traitement est gratuit. « Les personnes dépistées et diagnostiquées positives à la maladie de sommeil, nous leurs proposons un traitement 100% gratuit » a confirmé le Dr Bruno.
La feuille de route de l’OMS pour 2021-2030 fixe des objectifs ambitieux en matière de lutte intégrée contre bon nombre de ces maladies d’ici à 2030. Les efforts de lutte contre les MTN visent avant tout à offrir des services essentiels à tous ceux qui en ont besoin.
M’mah Bangoura