Dr Alseny Camara, connaît très bien le dossier agricole de la préfecture de Boffa et de ses sous-préfectures, comme la paume de sa main. Depuis des années, il ne cesse de constater l’impuissance de l’Etat de pouvoir faire exploiter ces belles plaines à potentialités inimaginables, pour une autosuffisance alimentaire des populations locales et urbaines. Dans la commune rurale de Koba, l’agriculture est l’une des activités les plus pratiquées. Cette sous-préfecture a plusieurs plaines agricoles qui répondent à tous les types de culture. Mais les difficultés auxquelles la direction, les techniciens et les paysans sont confrontés, notamment le manque de crédit de fonctionnement, l’insuffisance des moyens logistiques font que le secteur peine sérieusement à décoller. Interview.
Universciences : Alors que Koba est une zone agricole de référence, dites-nous comment se porte la direction préfectorale présentement ?
Dr Alseny Camara : La direction préfectorale est un service placé sous la tutelle du ministère de l’agriculture. Nous avons pour rôle de gérer, de coordonner et collaborer avec toutes les ONG et autres structures évoluant dans le cadre de l’agriculture. Nous avons encore une mission qui est confiée par l’Etat, la gestion de tous les producteurs. Nous avons aussi une autre mission très importante, nous tissons de bons rapports de collaborations et de partenariats avec les ONG qui évoluent dans le cadre du secteur de l’agriculture. Alors pour le bon fonctionnement de ce service, nous avons d’autres structures techniques avec lesquelles nous travaillons. Premièrement, nous avons une section de génie rural ; deuxièmement, nous avons une section de protection des végétaux et des denrées stockées ; troisièmement, nous avons une section promotion rurale et quatrièmement, nous avons une cellule des statistiques agricole. A cela s’ajoutent deux autres cellules, le centre de conditionnement de Koba et la station de recherche agronomique de Koba.
Quels sont les bassins de productions agricoles de Koba ?
Boffa a une grande chance par rapport aux autres préfectures. C’est que Boffa a une haute potentialité agricole qui s’explique tout simplement par les quatre écosystèmes que nous rencontrons ici. Nous pratiquons le riz de mangrove, le riz du bas fond, le riz de plaines et le riz de la montagne. Ce qui fait que même en contre saison, nos populations peuvent se servir du peu de grenier qu’elles ont pu garder. Il y a aussi des bassins agricoles qui se trouvent aussi à Koba, pas seulement dans notre préfecture. C’est la commune rurale de Koba, la deuxième, c’est la commune rurale de Tougnifily, la troisième c’est la commune rurale de Doupourou. Sans oublier, la commune de Mankountan. Si vous prenez Koba par exemple, avec toutes ses potentialités, vous verrez qu’on a des superficies qui peuvent aller jusqu’à 17 mille hectares. Ces raisons s’expliquent tout simplement par ce qu’il ya de plaines, il ya la mangrove et il ya l’arrière mangrove. Vous prenez les plaines de Mankountan qui se chiffres jusqu’à 9400h, vous prenez la plaine de Tougnifily qui peut aller jusqu’au-delà de 16000h. Vraiment, nous avons des potentialités agricoles tellement vastes.
Quelles sont les difficultés liées à l’exploitation de ces bassins agricoles ?
Au niveau de ces bassins agricoles, nous rencontrons d’énormes difficultés. La première des choses où il y a des avantages, il y a aussi des inconvénients. Les difficultés que nous rencontrons sont entre autres : l’insuffisance des aménagements, la montée Saline, les maladies des cultures. Mais si vous prenez le cas de Koba, dès fois il y a une variation climatique que les paysans ne peuvent pas maîtriser, c’est-à-dire le non-respect du calendrier agricole et surtout la mauvaise gestion de l’eau par les usagers dans ces périmètres.
Cela s’explique par quoi ?
Cela s’explique par la non maitrise du calendrier agricole et comme je l’ai dit au départ ; Il y a des périodes où il pleut beaucoup, il y a aussi des périodes où la pluie n’est pas intense. Pour parer à cela, les producteurs de Koba ont une solution : ils font une pépinière sèche et une pépinière humide. Les pépinières humides, c’est celle qui est installée dans les rizières. Quand ces pépinières sont installées dès fois qu’est-ce que nous remarquons, quand il y a inondation ces jeunes plants sont à la hauteur flottante, qu’est-ce que nous remarquons, c’est la pourriture de ces plans. Il y a encore des submersions dans les casiers parce qu’ils ne maîtrisent pas.
Qu’est ce qui provoque aujourd’hui la montée saline dans ces plaines agricoles ?
C’est parce que les fonds de mer ont lâché. Les partiteurs, les tranquillisants, les coursiers. Tout ce que vous connaissez comme ouvrage de franchissement tous ont lâché, par ce qu’ils sont dans un état de vétusté, donc ils peuvent répondre à ces conditions de culture. Parfois il y a des aménagements qui sont faits qui ne répondent pas aux critères, les délais d’exécution ne sont pas respectés.
Quelles sont les solutions que vous préconisez ?
Il faut reprendre encore ces ouvrages qui sont en souffrance. Trouvez un bailleur de fonds, sans mettre de côté des opérateurs économiques. A cela s’ajoutent les gens qui ont de grandes expériences dans les grands aménagements. Je vous donne un exemple, la commune rurale de Tougnifily, les 3400h qui ont été aménagées par les Russes depuis 1970, ont complètement lâché, il faut les réhabiliter aujourd’hui. Les diguettes ont lâché, les canaux qui nous permettent l’évacuation d’eau ne tiennent plus.
Malgré l’ensemble de ces difficultés, Koba continue à produire, quelle analyse faites-vous de cela ?
Il faut d’abord leur tirer le chapeau. Malgré que toutes les conditions ne soient pas là, ces producteurs ne maîtrisent pas les techniques et l’eau ; ils parviennent à faire du résultat. Le manque de moyen crée les moyens. Ce qu’il faut aussi encourager, il n’y a pas une année qui passe, la Directrice préfectorale ne donne pas d’ intrants. Ça il faut s’en féliciter.
Propos recueillis depuis Koba, par Amadou Dari Diallo et Aliou Diallo