Située à 60 Km de la préfecture de Forécariah, la presqu’île de Kaback repose sur une superficie de 270 km2. A l’Ouest et au Sud-Ouest, Kaback prête le flanc à l’océan Atlantique favorisant la montée des eaux et ses corollaires. Ce phénomène récurrent, impact négativement les populations locales dans la plupart des secteurs d’activités.
Avec les assauts répétés de la mer, les conséquences sont immédiates. Plusieurs villages ont disparu laissant la place aux eaux, au pire de la boue. Ces populations insulaires subissent déjà les conséquences du réchauffement climatique. De ce fait, les habitants craignent la disparition de la presqu’île, puisque le niveau de la mer augmente dangereusement. Face à cette menace, les habitants incombent la responsabilité de couper abusivement la mangrove et la non protection de l’environnement.
Ibrahima Sory Sylla, agriculteur, se souvient de la vie d’antan : « En 1970 quand je suis venu ici, il y avait assez de bâtiments, on cultivait du riz, de la banane, de la tomate aussi. Mais, l’eau a envahi ici plusieurs fois, les habitants ont quitté pour se réfugier sur la terre ferme. Quant à moi je suis resté. Parfois, quand les vagues viennent, on monte sur les arbres, et si elles se retirent, on prend des pelles pour réparer la digue, mais on est impuissant face à la montée des eaux. On a vraiment peur de ce qui pourrait arriver demain même si certains sont responsables de l’avancée des eaux en coupant abusivement la mangrove le long de la côte Ouest », s’inquiète-t-il.
Des risques planent sur la presqu’île de Kaback
La Fonte des glaces dans les deux pôles du globe terrestre, la destruction de la mangrove tout au long des côtes Atlantiques, ou bien encore la poussée de la mer à Conakry, quelques soient les causes, la sous-préfecture de Kaback vit les assauts répétés de l’océan Atlantique depuis plusieurs années. Ce phénomène conduit peu à peu à la disparition prématurée de la terre ferme de la presqu’île de Kaback. A ce jour, la digue de ceinture supposée retenir l’avancée de l’Océan a cédé par endroit. « Si rien n’est fait d’ici, 5 ans, la sous-préfecture de Kaback risque d’être absorbée par l’océan Atlantique », indique le caporal-chef, Lansana Mansaré, conservateur de la nature à Kaback.
Les digues ont cédé à la pression de l’Océan
En 1954, la société DUMEZ a exécuté les travaux d’aménagement de 1.500 hectares assorti de la construction d’une digue de ceinture. Aussitôt dégradée, il a fallu l’intervention de la Chine en 1975, pour réhabiliter les espaces cultivables et renforcer la digue qui avait cédée à l’époque. Malgré ces efforts, la solution sera de courte durée. En 1978, la Chine avait procédé à la reconstruction totale de la digue et la réhabilitation de 850 hectares. « C’est avec des troncs de palmiers et de sacs de sable que cette digue avait été construite, raison pour laquelle elle n’a pas tenu assez longtemps », affirme le caporal-chef.
Pour répondre à l’appel des populations locales, la société RAZEL a entrepris des travaux de réhabilitation de plusieurs hectares en construisant entièrement la digue de ceinture sur une longueur de plus de 9.500 mètres.
L’espace cultivable s’est rétrécit à Kaback
Jadis qualifiée de grenier de la préfecture de Forécariah à cause de l’immensité de son potentialité agricole, la sous-préfecture de Kaback à presque perdu sa notoriété à cause de la montée des eaux. Avec une population d’environ 28.105 habitants, l’agriculture et la pêche sont les principales activités sur la presqu’île. « Sur une digue de ceinture de 8 km, ce sont plus 3.000 hectares qui ont été aménagés à Kaback, mais malheureusement, l’eau salée a détruit plus de 2.500 hectares », estime Elhadj Kollet Youla, président du groupement agricole “MANQUE” de Kaback.
« Ici, on fait une agriculture diversifiée. Avant mon groupement composé de 360 membres pouvait travailler jusqu’à 50 hectares, mais à cause de l’assujettissement de nos domaines, il est impossible d’avoir 10 hectares », ajoute le président du groupement agricole.
Les pêcheurs de Kaback dans l’impasse
A côté de l’agriculture, la pêche est aussi victime de la montée des eaux. Il faut aller très loin dans la mer et risquer dans la profondeur des eaux pour ramener très peu de poissons. « La quantité de poisson qu’on pouvait offrir gratuitement à un visiteur, c’est effectivement la même quantité de poisson qu’un grand pêcheur peut ramener à ce jour », souligne Yarie Seydou Camara, président des pêcheurs de Kaback.
Pour faire face aux inquiétudes des populations de Kaback, le gouvernement guinéen a pris des dispositions pour entretenir les parties endommagées de la digue de ceinture.
Alpha BARRY