La médecine traditionnelle fait partie du patrimoine culturel national et reste un recours privilégié par de nombreux citoyens du monde, malgré les risques qu’elle peut comporter. Cependant, les chercheurs scientifiques s’intéressent aujourd’hui à ce domaine afin d’aider les tradipraticiens à donner une valeur scientifique à leur travail et à le rendre plus fiable et accessible à la population.
Selon l’OMS, Jusqu’à ce jour, 80 % de la population du continent dépend de la médecine traditionnelle pour répondre à ses besoins sanitaires essentiels.
Au total, 24 pays ont aussi rédigé des codes de déontologie et de pratique à l’intention des tradipraticiens pour garantir la sécurité et le respect des normes de prestation de services. Le Ghana, qui fait office de modèle sur le continent, a construit des cliniques de médecine traditionnelle dans 55 hôpitaux régionaux à ce jour, selon l’organisation onusienne de la santé.
La médecine traditionnelle, lorsqu’elle est bien encadrée, constitue un moyen sûr d’économiser de l’argent par rapport à la pharmacie moderne. Aïssata Diaouné, quinquagénaire, utilise la médecine traditionnelle depuis son jeune âge. « Depuis toute petite, j’utilise la médecine traditionnelle. Elle m’aide à prévenir des maladies telles que les maladies hydriques ou le paludisme, mais aussi à me soigner, ainsi que ma famille à moindre coût et aussi efficace », affirme-t-elle.
En Guinée, les chercheurs de l’Institut de Recherche et de Développement des Plantes Médicinales et Alimentaires de Guinée situé à Dubréka à une trentaine de kilomètre de Conakry, vont à la rencontre des tradipraticiens pour mener des enquêtes ethnobotaniques et médicales. L’objectif est d’identifier les ressources dont ils disposent pour faire face à différentes pathologies.
Collecte d’herbiers
Les tradipraticiens fournissent aux chercheurs des échantillons de plantes et les accompagnent lors de la collecte d’herbiers, permettant ainsi d’identifier les plantes en utilisant leur nom vernaculaire. << À partir de l’herbier, nous allons pouvoir faire l’identification botanique de la plante et connaître le nom scientifique de la plante en plus d’un botaniste nous faisons confirmer cela par l’Herbier National de Guinée >>, souligne le Pr Elhadj Saidou Baldé, Directeur Général de l’Institut de Recherche et de Développement des Plantes Médicinales et Alimentaires de Guinée.
Pour engager les recherches, les chercheurs effectuent une revue de la littérature scientifique afin de déterminer si des études antérieures ont été réalisées sur la plante et si elle est soumise à un brevet. << Nous procédons à la caractérisation chimique de la plante pour voir un peu le profil chimique, définir une empreinte chromatographique et une évaluation ethno thérapeutique dans les conditions du guérisseur >>, précise-t-il.
Ouo-Ouo Sangbè, tradipraticien, originaire de la préfecture de Lola dans la région de la Guinée forestière, collabore depuis plusieurs années avec l’institut. Récemment, il a soumis des recettes riches en alimentation et en médicaments à des fins de recherche scientifique.
« J’ai principalement envoyé certaines plantes utiles et importantes pour la santé et l’alimentation, comme le Taro de Lion. Actuellement, je travaille sur le Mado cola, le quatrième cola que j’ai découvert grâce à la recherche en médecine traditionnelle » précise le tradipraticien assis derrière sa table remplie de feuilles et de racines d’arbre.
Les plantes sélectionnées pour la recherche sont ensuite étudiées en laboratoire, en collaboration avec des universités étrangères. << Nous allons préparer les extraits ici, les expédier au laboratoire partenaire, eux, ils vont faire le test in-vitro >>, explique le Pr Elhadj Saidou Baldé.
Identifier la molécule
Ces études scientifiques permettent d’obtenir des résultats concrets, notamment l’identification de la molécule responsable de l’activité thérapeutique de la plante. Grâce à cette collaboration entre la science moderne et la médecine traditionnelle, il est possible de valoriser les connaissances ancestrales tout en garantissant leur sécurité et leur efficacité.
Ibrahima Sory BAH