La gestion des déchets représente un défi majeur pour la population guinéenne. Chaque jour, environ 800 tonnes de déchets sont produites dans le grand Conakry, selon la Fédération Guinéenne de Gestionnaires de Déchets. Pour rendre la ville plus propre et protéger l’environnement, le programme Sanita Villes Propres a mis en place la zone de tri et de transit des déchets (ZTT) de Kakimbo, un projet pilote dans le grand Conakry.
La Guinée fait face à d’énormes problèmes de gestion des déchets. Mise en place entre 2018 et 2019 en collaboration avec Sanita Villes Propres, la ZTT de Kakimbo vise à minimiser les impacts environnementaux et sanitaires des déchets. Cette zone facilite le tri des déchets avant de les orienter vers le grand dépôt de Dar-es-Salam ou vers les PME de transformation. Chaque jour, des milliers de déchets y sont récupérés, parmi lesquels divers objets comme des plastiques (sachets, chaises cassées, bidons, canettes…), du fer, de l’aluminium, des chaussures, du cuivre, des métaux, grâce au tri effectué.
Un partenariat entre PME et ZTT
Les zones de tri et de transit doivent appliquer strictement les procédures de gestion des déchets, notamment le tri, la manipulation des déchets et l’utilisation d’équipements de protection individuelle adéquats et pérenniser leur collaboration avec les PME de la pré-collecte. Ainsi, cette collaboration entre les acteurs impliqués dans le circuit de la gestion des déchets pourrait contribuer à rendre le grand Conakry propre.
Mamady Kouyaté, gérant de la (ZTT) de Kakimbo, explique que : “ l’objectif de ce site est de réduire la quantité de déchets destinés au grand dépôt de Concasseur. Au début, il y avait 19 PME, mais avec la mise en place d’autres ZTT, il y a eu répartition. Actuellement, 6 PME viennent ici. Certaines peuvent faire jusqu’à 4 voyages par jour, selon leur programme, mais le minimum est de 2 par tricycle”, précise Mamady Kouyaté.
Des difficultés majeures
Le non-enlèvement régulier des bacs d’ordures, d’une capacité de 18 mètres cubes, est l’une des principales difficultés rencontrées. “Nous enregistrons parfois des retards pour le transfert des déchets, ce qui affecte toute la chaîne. De plus, l’électrification du site est un énorme problème, car des camions travaillent la nuit. Pourtant, après le tri, le reste des ordures est constitué d’engrais biodégradable. On a un petit espace, on ne peut pas garder longtemps les déchets”, explique Oumar Pathé Bah, co-gestionnaire du site de tri et de transit des déchets de Kakimbo.
Co-gestionnaire du site de tri et de transit des déchets de Kakimbo
Valorisation des déchets
La valorisation des déchets organiques est en souffrance. Parmi les 7 types de déchets plastiques produits, seuls 3 ou 4 sont partiellement triés et valorisés. Malgré les efforts des parties prenantes, les ZTT n’atteignent pas encore leurs objectifs. Les zones de tri doivent améliorer la sécurité, la santé et l’hygiène des travailleurs ainsi que les équipements utilisés.
La dégradation de l’environnement due aux activités autour de la zone est également préoccupante. “Les sites de tri et de transit doivent être surveillés pour corriger les dysfonctionnements. Il reste encore beaucoup à faire dans ce domaine. Regardez par exemple les eaux souillées qui proviennent des déchets avec cette saisons des pluies, sont drainées dans la nature ,” souligne Sory Camara, président de la Fédération de Gestionnaires de Déchets de Guinée et directeur du Centre de Recherche Environnemental et de Valorisation de Déchets.
Développer un modèle économique
Les ZTT doivent également développer des modèles économiques indépendants et établir un programme de développement de la zone sans attendre l’aide de l’État. “ Il est crucial de créer des conditions favorisant le développement d’autres activités génératrices de revenus liées aux déchets non triés. Tant que les filières de tous les types de déchets ne seront pas développées, les trieurs ne pourront pas les valoriser faute d’acheteurs”, explique Sory Camara.
Pour faciliter le travail dans ces zones de tri et de transit, les populations doivent s’abonner aux PME et effectuer le tri à la source, car ce geste contribuera à la réduction des déchets et au progrès dans la gestion des déchets, recommande le directeur du Centre de Recherche Environnemental et de Valorisation de Déchets.
Ce reportage est réalisé dans le cadre du Projet Terra Africa piloté par CFI Media.
Fanta Barry
