En plein cœur de la capitale guinéenne, à l’Université Gamal Abdel Nasser de Conakry, un microclimat est créé grâce à la présence de 397 arbres. On y trouve des manguiers, des Lengués et des Terminalia mantali, qui offrent un climat paisible. Étendue sur une superficie d’environ 20 hectares, cette végétation, répartie entre espèces exotiques et indigènes, lutte contre le réchauffement climatique à l’échelle locale.
Créée dans les années 60, cette université, la première du pays, a lutté au fil des ans pour la préservation de sa flore. Après plus de 60 ans d’existence, sa diversité végétale favorise l’équilibre climatique et permet à la communauté universitaire de respirer un air frais.
Un microclimat créé
La capacité des plantes à humidifier leur environnement repose sur la rétention de l’eau par leurs racines, comme l’explique Dr Mickaël Dieng, doctorant à l’Institut de Recherche en Environnement (IREG). « Les zones boisées ont la capacité d’absorber l’énergie et jouent un rôle de refroidissement permettant d’améliorer la température, alors qu’au niveau des zones nues, il y a beaucoup plus de réflexion de la lumière, donc beaucoup plus de production de chaleur », explique-t-il.
Ici, le paysage est luxuriant, avec des feuillages touffus offrant une ombre agréable. Cette allée bordée d’arbres est prisée par la communauté universitaire. C’est l’endroit favori des étudiants, qui y trouvent refuge pour réviser leurs leçons.
« Ça donne plus d’inspiration aux étudiants pour mieux réviser et planifier leur futur », déclare Sylla Nfamoussa, étudiant. « Je viens juste pour réviser parce que c’est calme et il y a de l’humidité », enchaîne Mariam Tounkara.
D’autres viennent simplement pour se reposer : « Des fois, je viens ici pour me reposer. Il y a de la fraîcheur, c’est calme, donc ça nous inspire beaucoup. C’est vraiment merveilleux », avoue Alphonse Béavogui.
Cet environnement bénéficie aussi aux oiseaux. Dès les premières lueurs de l’aube, sous le son des coups de balai, les hérons garde-bœufs, même en l’absence de bœufs, viennent profiter de cette tranquillité.
Comment cette régulation thermique s’effectue-t-elle ?
Elle s’explique par le mécanisme biologique des plantes. Le phénomène de transpiration à partir des feuilles est un processus de régulation de la température de la plante et de la température ambiante.
« Les zones où les racines sont implantées ont la capacité de stocker de l’eau. Il y a donc une production, non pas de vapeur, mais d’une substance qui permet d’humidifier le sol, d’humidifier l’environnement et d’améliorer les conditions de température ambiante », explique Dr Dieng.
Les plantes vertes, en particulier grâce à leurs feuilles, captent l’énergie du soleil et la transforment en énergie chimique par le processus de la photosynthèse. Ce mécanisme essentiel leur permet de produire de la matière organique à partir de l’eau, du dioxyde de carbone et de la lumière solaire. Ainsi, elles jouent un rôle clé dans la chaîne alimentaire et le cycle du carbone en libérant de l’oxygène dans l’atmosphère.
Une lutte pour la préservation de ces arbres
Au sein de l’université, l’Herbier national de Guinée lutte pour la préservation de cet environnement. Malgré une population végétale très importante à Gamal, beaucoup d’arbres ont vieilli. Les remplacer est une solution proposée par Dr Sékou Magassouba, enseignant chercheur à l’Institut de Recherche en Environnement de Guinée (IREG).
« D’ailleurs, nous ne privilégions pas de les abattre entièrement, mais de les tailler, parce qu’en enlevant un grand arbre pour mettre un petit pied, cela n’a pas la même valeur écologique », a-t-il proposé.
L’Herbier national a déjà accompagné l’université en réalisant un reboisement avec le Lengué dans plusieurs endroits du campus. On en compte une dizaine au total.
« Nous avons au moins une dizaine de Lengués dans la cour de Gamal et nous continuons à les suivre malgré la saison sèche, parce que ces plantes ont germé dans notre pépinière. C’est comme si c’étaient des enfants pour nous. Dès qu’on remarque un petit problème, on intervient en arrosant », déclare Dr Magassouba.
Cette belle couverture végétale existe à Gamal depuis de nombreuses années. Grâce à un entretien régulier, elle aide à lutter contre le réchauffement climatique. En ville, les arbres jouent un rôle important en capturant et en stockant le carbone, contribuant ainsi à la protection de l’environnement.
Mansa Moussa Mara