En Guinée, le paludisme est l’une des principales causes de mortalité chez les enfants de moins de cinq ans. Pour faire face à ce fléau, le pays a décidé d’expérimenter une approche originale : Adapter la vaccination antipaludique en fonction des profils climatiques, saisonniers et épidémiologiques du paludisme.
Les 2 et 3 avril 2025, la ville de Mamou a abrité la rencontre de lancement du projet « Intensification saisonnière de la vaccination contre le paludisme ». L’idée est de privilégier le moment où les enfants reçoivent leur vaccin : juste avant le début de la saison des pluies, lorsque la prolifération des moustiques transmetteurs de la maladie est maximale. Lancée par le Ministère de la Santé et de l’Hygiène Publique, à travers le Programme National de Lutte contre le Paludisme (PNLP) et le Programme Élargi de Vaccination (PEV), cette initiative a bénéficié du soutien de partenaires internationaux tels que Gavi, OMS/TDR, la LSHTM, l’European Vaccine Initiative et l’UGANC. Pendant deux jours, Chercheurs, Praticiens de santé publique, Décideurs et Acteurs de la Société Civile ont réfléchi ensemble autour des meilleures modalités de mise en œuvre de cette stratégie dans deux zones pilotes : le district sanitaire de Gaoual, où l’intensification sera appliquée, et le district sanitaire de Mamou, qui servira de contrôle.

Au-delà des enjeux logistiques et des éléments de planification pour gérer la vaccination, l’accent a également été mis l’accent sur la communication. « Quelles stratégies utiliser pour convaincre les parents de faire vacciner leurs enfants au moment opportun ? Quels messages utiliser pour atteindre les cibles et renforcer l’engagement communautaires ? » Autant de questions qui ont occupé les groupes de travail, accompagnés des ONG locales spécialisées en engagement communautaire pour la santé publique.
Mais ce projet ne se limite pas à la distribution de vaccins. Il vise également à évaluer l’impact de cette stratégie sur la santé des enfants, son coût et sa faisabilité à grande échelle. Les résultats obtenus pourront alors éventuellement être étendus à d’autres zones du pays et inspirer d’autres pays africains partageant un contexte géographique et épidémiologique similaire.
Par cette initiative, la Guinée montre qu’elle est capable de réinventer ses réponses au paludisme, en s’appuyant sur la science et son contexte spécifique en étroite collaboration entre acteurs du système de santé et les communautés locales. Une démarche potentiellement salvatrice pour des milliers d’enfants.
Le projet s’inscrit dans le cadre des efforts nationaux pour renforcer la lutte contre le paludisme en Guinée, alors que le pays s’apprête à introduire le vaccin antipaludique dans cinq districts sanitaires en 2025.
Alpha Oumar Bagou Barry