Les producteurs agricoles et les vendeuses de fruits de la préfecture de Kindia (135km-Conakry) sont sérieusement affectés par les effets causés par la pandémie du coronavirus. L’apparition du virus dans la zone a bouleversé leur niveau de commerce. Le non écoulement des produits à cause des mesures barrières reste le plus inquiétant.
Sur son étal, des ananas, du concombre etc. Mamata Camara, chef secteur Wanbélen du grand marché de Kindia peine à écouler ses fruits en cette période de coronavirus. Depuis l’arrivée de la maladie dans sa localité, ses activités sont au ralenti. Elle en a connu de pertes.
« Actuellement, difficilement, je vends 200.000 GNF ou 400.000 GNF par jour. Nous prenons le casier d’ananas parfois à 160.000 GNF ou 170.000 GNF, quand tu dis aux clients, un ananas à 25.000 GNF ils te disent 10.000 GNF. Lorsque tu vends à ce prix, tu n’auras rien, même à 15.000 GNF, ton argent ne sort pas ».
Les pertes sont énormes
Et d’ajouter : « Nous vendons les fruits, mais en ce temps de covid-19, c’est pertes sur pertes, rien ne va pour les vendeuses de fruits à Kindia. Avant la venue de coronavirus, on prenait avec les planteurs après la vente, on retourne leur argent. En ce moment-là, je pouvais vendre un million ou un million cent mille franc guinéen par jour ».
L’acheminement des produits vers la capitale est un problème majeur dont les vendeuses et les producteurs sont confrontés. Très souvent, selon Mamata Camara, la quasi-totalité des fruits pourrissent avant d’arriver à destination compte tenu de l’état défectueux de la route. Face au non écoulement de ces produits elle s’interroge : comment nourrir nos familles ? Qu’en est-il de la scolarité des enfants ?
Le transport est passé de 900.000 GNF à 2.000.000 GNF
Le coronavirus a fait son apparition dans la ville des agrumes à un moment où les uns et les autres étaient proches de la récolte. C’est le cas de Djibril Bangoura, producteur d’ananas depuis des années. Pour la petite histoire, Djibril Bangoura a contracté le coronavirus. Sa récolte qui s’est effectuée au mois de juin coïncide à son hospitalisation au centre de traitement de pastoria à Kindia. A sa sortie, un problème gestion de la récolte et du transport des produits vers Conakry, se pose pour lui ; le prix d’envoi d’un chargement est passé de 900.000 GNF à 2.000.000 GNF.
« J’ai investi 25 000 000 GNF, et je n’ai pas eu le quart après la récolte et c’est pareil pour les autres agriculteurs ici à Kindia, » confie ce producteur d’ananas.
Après la récolte, les mesures prises pour limiter la propagation du virus constituent aussi un frein à l’exportation des fruits vers les pays frontaliers. Également pour le transport des fruits agricoles à Conakry, cela est devenu un calvaire pendant cette période de crise sanitaire.
« Avant le covid19, on n’envoyait un chargement d’ananas à 900 000 GNF à Conakry présentement c’est à 2 000 000 GNF. L’exportation vers le Sénégal et autres on n’en parle pas, puisque les frontières sont fermés, donc, vous voyez ce que ça fait. C’est une catastrophe pour nous les producteurs de Kindia et de Forécariah, » poursuit-il.
SOS aux producteurs agricoles
Pour l’instant, selon Abou Wagna Bangoura, le président de la chambre d’agriculture de Kindia, les producteurs agricoles vivent des promesses faites par Enabel pour le transport des marchandises vers Conakry et l’obtention de 150 tonnes d’engrains.
Maimouna BANGOURA de retour de Kindia pour l’AJSG