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Guinée | Koba : face à la montée des eaux, un village entier a déménagé par trois fois

Niché entre un long fossé, la mer et des plaines agricoles, Kitikata est un village situé dans la sous-préfecture de Koba – 140 km de Conakry – où l’on cohabite avec l’avancement des eaux vers la terre ferme, depuis des décennies. Il faut arpenter le village pour mieux comprendre la situation. Un déséquilibre fragile que les collectivités locales peinent à faire face aux mutations de l’environnement. 

Des vagues éclatent sur les pierres. En arrière-plan, quelques habitations de fortune sous des palmiers à côté de la mangrove. Où vit une communauté autochtone de pêcheurs et d’agriculteurs. Face à la mer, des champs à perte de vue sont traversés par un petit fleuve côtier. Jeudi 20 janvier, le petit village de Kitikata – 3 km au sud-ouest de la commune urbaine de Koba – est plein de vie. Des familles et des habitants des environs profitent d’une belle journée d’harmattan. Une belle nature qui laisserait presque oublier l’épée de Damoclès qui plane au-dessus de ce petit village : la montée des eaux.

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Un phénomène inquiétant

Ici personne ne conteste la montée de la mer. Les conséquences de ce phénomène inquiètent les habitants. Comme c’est le cas de ce sage du village qui nous raconte une histoire de Kitikata : « Notre village était là-bas. Montre-t-il, en pointant du doigt dans la mer. C’est petit à petit que la mer nous a chassés vers là où nous sommes. Ici, c’était une vaste et étendue forêt qui regorgeait ce périmètre. Et avec cette situation qui ne cesse de perdurer, nous sommes encore beaucoup plus en danger d’être envahis par la mer qui migre vers nous ».

Le niveau de la mer pourrait toujours augmenter

Si le réchauffement climatique poursuit sa trajectoire actuelle, le niveau de la mer pourrait monter à coups de mètre, transformant profondément le littoral. Et Kitikata est en première ligne. Puisque le village est déjà menacé de submersion ; la saison des pluies en est une illustration. « L’eau que vous voyez a commencé à pousser depuis très longtemps. Et nous formons le troisième village comme ça. Tous les autres ont été déguerpis par cette mer. Depuis que je suis venu ici, cela fait déjà 30 ans. Cette montée des eaux est une véritable difficulté pour nous. Nous sommes au centre comme ça, si les pirogues débordent à Koba Taboria, si on ne les empêche pas ici, elles vont disparaître », a expliqué Ibrahima Yonkafélè Camara, anxieux face à la montée imminente des eaux.

Des installations hôtelières englouties par les eaux

En observant le village de Kitikata, les réalités donnent l’impression que rien n’a existé à cet endroit auparavant. Et pourtant, selon Ibrahima Yonkafèlè Camara, des infrastructures hôtelières ont existé qui attiraient beaucoup de monde au bord de la plage. Mais malheureusement, la mer a englouti celles-ci au fond des eaux, à ce jour, cela n’est qu’un lointain souvenir : « La partie que vous observez comme ça, il y avait au moins cinq bâtiments d’hôtel qui avaient été construits ici par une dame qui voulait valoriser cette plage. Mais l’eau de mer a dégagé tout cela, même les traces on peut plus voir. Si non ce lieu était bien animé, les gens venaient pour y passer le week-end », se souvient-il.

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Les digues de protection pour bien faire de l’agriculture ont cédé

La pêche et l’agriculture sont les principales activités des habitants de Kitikata. Des activités qui ne sont plus bien pratiquées, conséquences, les périmètres sont envahis et les digues de protection sont lâchées suite à la fragilité des aménagements en place. « Avant on faisait bien l’agriculture ici, le riz donnait très bien, mais aujourd’hui tout cela ne se fait pas. La pêche n’est plus bonne. Kitikata était presque à Taboria là-bas, c’est l’eau qui nous a poussés jusqu’ici », raconte Alhassane Sylla, pêcheur.

Le village sous les menaces de l’érosion

Tous les ans, le village de Kitikata voit son périmètre se réduire sous les effets continus des eaux. Le chenal qui sert de protection disparaît également sous l’effet de l’érosion. Les habitants croupissent sous le poids de l’inquiétude suite aux conséquences qu’ils subissent tous les jours et ils lancent un appel à l’endroit des autorités compétentes à l’idée de réhabiliter les digues de protection sur les sites agricoles. La mer gagne du terrain et on ne pourra rien faire si rien n’est fait.

Aissatou Barry, de retour de Koba pour l’AJSG

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Oumar Bagou

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