jeudi 28 mars 2024 :
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Grippe aviaire : cette maladie zoonotique qui guette la Guinée … 

Même s’il faut attendre la double confirmation des échantillons pour savoir s’il s’agit de la grippe aviaire ou pas, la question de transmissibilité de cette maladie grippale de la volaille à l’humain est évidente. Dans une interview accordée à universciences.com, Dr Sory Condé chef d’unité gestion des données du système information de l’agence nationale de sécurité sanitaire (ANSS), lève le voile et apporte une précision sur les cas suspects de grippe aviaire à Coyah et Forecariah, deux villes de la Basse Guinée. Interview…..

Universciences.com : Depuis un certain temps les autorités sanitaires guinéennes suspectent la présence d’une maladie qui s’apparente à la grippe aviaire dans les préfectures de Coyah et Forecariah, faisant des ravages chez les fermiers, dites nous c’est quoi la grippe aviaire ?

Dr Condé : C’est une maladie grippale qui fait partie de ces maladies qu’on appellent les zoonoses qui sont capables de passer des animaux aux hommes. Cette maladie s’attaque le plus souvent à la volaille et se transmet aux humains à travers un contact prolongé. Mais il faut noter qu’il y a plusieurs types de grippes et la grippe aviaire fait partie de la grippa A qui a une caractéristique très sévère. D’où l’importance de la surveillance de cette maladie en Guinée mais aussi dans tous les pays du monde.

Universciences.com : Quels sont les symptômes des cette maladie grippale ?

Dr Condé : Les symptômes de toutes les maladies grippales sont la toux, l’éternuement qui peut subvenir, mais aussi l’écoulement nasale. Ce sont les principaux symptômes, raison pour laquelle nous faisons la surveillance sentinelle des maladies grippales. En surveillant toutes ces maladies grippales, toutes les infections grippales, nous savons qu’il y a beaucoup de virus qui peuvent provoquer la grippe. Donc, on cherche les virus mais aussi les mutations pour savoir si elles sont préoccupantes pour en suite prendre les mesures.

Universciences.com : Il y a quand même des suspicions dans certaines fermes à Coyah et Forecariah faisant état de plusieurs volailles décimées, que savez-vous de cette maladie qui se rapproche à une grippe aviaire à ce jour  ?

Dr Condé : C’est vrai qu’il y a eu des suspicions sur une maladie qui a fait des ravages dans ces deux préfectures, une équipe multidisciplinaire composée du service santé humaine et du service vétérinaire s’est rendu sur le terrain pour voir de quoi il s’agissait. L’équipe a fait des prélèvements tant sur la volaille que les personnes qui travaillent dans ces fermes suspectées. Suite à ces prélèvements, les échantillons ont été analysés et les premiers résultats ont été posés sur le plan national. Mais le protocole voudrait que si nous avons des suspicions et que nous avons des résultats issus de nos laboratoires, ces résultats doivent êtres confirmés par des laboratoires de référence internationale. Pour les services vétérinaires guinéens, il était question d’envoyer ces échantillons en Italie ou se trouve actuellement le laboratoire qui collabore avec nos services vétérinaires. Donc, on pourrait profiter aussi pour envoyer les échantillons humains.
Il faut dire qu’il a eu une quarantaine de personnes prélevées, bien sur qu’elles ne présentent aucun signe de grippe aviaire, mais le fait que ces personnes travaillaient dans les fermes déjà suspectées de cas de grippe aviaires, il fallait prélever ces personnes pour voir est ce qu’elles sont entrées en contact avec le virus. Donc, sur ces personnes prélevées, il y a deux personnes qui ont des résultats qui nous font penser à une transmission de la volaille à l’humain. Raison pour laquelle, les échantillons de ces deux personnes vont êtres envoyés en Italie au même titre que les échantillons des volailles suspectées. On peut aussi envoyer ces échantillons dans un laboratoire de l’OMS en l’occurrence l’institut pasteur de Dakar pour faire la double confirmation. C’est justement après cette double confirmation que les autorités guinéennes pourraient déclarer l’épidémie de la grippe aviaire.

Universciences.com : Quelles sont les mesures prises pour limiter la propagations de cette maladie ?

Dr Condé : Vous savez, ce qui fait un peu rire, c’est cette différence de stratégie entre les services vétérinaires et les services de santé humaine. Parce que déjà pour limiter les dégâts les services vétérinaires ont pris la décision de procéder à l’abattage de la volaille suspectée. Toutes les fermes ou il y a un taux de létalité supérieur ou égal à 30 %, ils ont décidé de procéder à l’abattage avec l’accord des propriétaires des fermes pour limiter la propagation. Parce que quelque soit le type de virus qui est en cause, la mortalité est élevée. Dans certaines fermes d’ailleurs, selon les résultats qui nous sont parvenus, c’est la quasi totalité de la volaille qui a été décimée. Et chez nous les humains on ne procède pas à l’abattage, on cherche les malades, on les isole et on les soigne. À ce jour, les deux personnes suspectées sont en train d’être suivis par les collègues qui sont à Coyah et à Forecariah. Pour le moment ce sont des personnes asymptomatiques, on attendra le retour des laboratoires collaborateurs pour enclencher le reste de la stratégie de riposte.

Universciences.com : Certains pensent que la transmission de la grippe aviaire de la volaille à l’humain est très minime, alors dites nous est ce que à ce jour la Guinée cours un réel risque de propagation de cette maladie de l’animal à l’homme ?

Dr Condé : Avec les maladies grippales, ils est très difficile de se prononcer avec certitude. C’est pourquoi nous avons mis en place bien avant la Covid-19, des sites sanitaires de surveillance de la grippe. Parce que ce sont des virus qui mutent et les formes mutantes peuvent être moins sévères ou encore plus sévères que les formes connues. La transmissibilité également peut varier en fonction de la mutation des virus. C’est pour dire que les caractéristiques d’un virus, il y a non seulement la transmissibilité qui peut varier, mais également la létalité et même la capacité de mutation. Demain on ne sait vraiment pas à quoi on peut aboutir, peut-être même que les formes mutantes peuvent êtres découvertes pour la première fois chez nous qui n’avaient jamais été découvertes ailleurs et qui pourraient avoir une capacité de contamination plus élevée que celle connue de par le passé. Aujourd’hui c’est la grippe A qui est suspectée, si elle s’avère, la transmissibilité de la volaille à l’humain elle est faible mais elle existe. Dès lors que les personnes suspectes sont asymptomatiques, même si elles ont contracté la grippe leur capacité de contamination reste très faible.

Universciences.com : Si la double confirmation révèle la présence de la grippe aviaire, certainement des volailles contaminées ont été distribuées, quel message avez-vous à l’endroit de la population Guinéennes sachant que les risque de propagation de cette maladie sont perceptibles ?

Dr Condé : Premièrement, il faudrait que l’on développement l’élevage local. C’est ce qui peut nous mettre à l’abri de l’importation des animaux malades en provenance des autres pays. Deuxièmement, maintenant que nous avons des suspensions, il y a des volailles qui sont mortes suite à la maladie sans êtres abattues par les services vétérinaires. Cela sous-entends qu’il y a une maladie qui est en train de décimer la volaille et qui met en rude épreuve ces entrepreneurs qui ont pris la peine d’investir dans ce domaine pour améliorer la fourniture de la viande. Il faudrait que les populations acceptent de suivre les conseils des autorités sanitaires. Qu’on accepte de mettre une barrière entre ces volailles et nous en cette période, jusqu’à ce que les autorités déclarent que l’alerte est levée. Malheureusement, certains pourraient êtres en train de sortir nuitamment la volaille suspectée dans les zones suspectes pour revendre dans des zones qui ne sont pas encore mises en alertes. Ces pratiques doivent cesser parce que cela veut dire que tu veux sauver ton business et mettre en pérille la vie de la population guinéenne.

 

Propos recueillis par Mamadou Kindy BAH et Amadou DIALLO

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Oumar Bagou

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