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Dr Alpha Kabinet KEITA | Covid-19 : « il est toujours mieux d’être à côté d’un médecin pour qu’en cas de symptôme inhabituel… »

Depuis l’annonce de l’Organisation mondiale de la Santé au mois de janvier qu’un nouveau Coronavirus pouvait être à l’origine d’une épidémie inconnue, apparu en Chine le 8 décembre 2019, le virus gagne du terrain. La Covid19 ne cesse de se propager dans le monde entier, avec plus de 320 000 morts. En Guinée, 2796 personnes sont testées positives, 1263 guéris, 16 décès hospitaliers à date du 18 mai 2020. Pour mieux savoir sur cette pandémie, notre rédaction est allée à la rencontre du Dr Alpha Kabinet KEITA Directeur Adjoint du Centre de Recherche et de Formation en Infectiologie de Guinée (CERFIG). Voici l’intégralité de notre entretien :

Universciences : à son apparition en décembre 2019 en Chine, cette pandémie de Coronavirus était peu connue, aujourd’hui, les connaissances cliniques de la Covid-19 on-t-elle évoluées ?

AKK : il est évident que la clinique de la maladie a évolué depuis la description des premiers cas en Chine en décembre 2019. Mais ce qu’il faut retenir, classiquement les symptômes sont : la fièvre, les toux sèches, la fatigue générale et certains patients présentent des congestions nasales, des maux de tête et des maux de gorge. Il faut savoir que ces symptômes apparaissent de façon progressive. En plus, avec l’évolution de la maladie on note des complications neurologiques et dermatologiques chez certains patients.

Universciences : quelle est la vitesse de propagation du Coronavirus ?

AKK : quand on voit le taux de létalité de ce virus, il n’est pas étonnant qu’il se propage assez rapidement. Contrairement à certains virus, par exemple celui d’EBOLA, responsable de fièvre hémorragique qui a une létalité plus ou moins faible en fonction de la catégorie d’individu que ça touche. Ces virus sont des parasites stricts, ils ont donc besoin de détourner la machinerie cellulaire pour pouvoir vivre. Maintenant, le Coronavirus étant un parasite, sa virulence fait qu’il maintient son hôte suffisamment longtemps en vie pour lui permettre de passer le virus à une autre personne. Comme il ne tue pas tout de suite toutes les personnes qui le contracte, ça fait qu’il passera beaucoup plus longtemps d’un individu à un autre et cava vite se propager. Il faut savoir qu’au moins 80% des gens qui attrapent ce virus le font avec des symptômes légers, c’est seulement un faible pourcentage qui présente des formes graves. C’est ce qui fait qu’il a toutes ses capacités de se propager de façon durable au sein de la population.

Universciences : quel travail de laboratoire se fait-il par vous les chercheurs guinéens dans le cadre de la lutte contre la Covi-19 ?

AKK : Il faut dire que depuis le début de la pandémie en Guinée, on ne communique pas assez sur le travail effectué par les laboratoires en Guinée. Il faut savoir qu’actuellement le diagnostic en tout cas sur le plan de la virologie moléculaire, le travail est assuré par un certain nombre de laboratoires, notamment le laboratoire de l’Institut National de Santé Publique à Nongo sous la houlette du Dr Mamadou Bhoye. Récemment, nous avons ouvert un nouveau laboratoire à l’Institut National de Santé Publique au pont du 8 novembre, il y a aussi l’Institut Pasteur de Guinée qui fait du diagnostic, il y a le laboratoire des fièvres hémorragiques et également le laboratoire du Centre de Recherche et Formation en Infectiologie de Guinée, il faut ajouter le CREMS de Kindia. Donc, contrairement à l’épidémie d’Ebola par exemple, cette pandémie a permis de montrer que, la Guinée a su se préparer pour une des rares fois à pouvoir faire du diagnostic d’une maladie infectieuse qui survient au sein de la population, des travaux effectués par des équipes guinéennes dans des laboratoires guinéens. Les capacités sont entraines d’être améliorées, ce qu’il savoir, c’est qu’à partir de cette pandémie liée au Coronavirus, la Guinée prend toute sa place dans la surveillance des maladies à potentielle épidémique.

Universciences : le traitement de la Covid-19 par la chloroquine est-il le meilleur possible pour l’instant ?

AKK : les personnes qui conseillent l’utilisation de la chloroquine ne sont pas des personnes qui prendraient un malin plaisir à faire la promotion d’un traitement qui ne marche pas. S’ils ont utilisé le médicament sur leurs patients et qu’ils estiment qu’il fonctionne, je pense qu’il faut leur faire confiance. C’est pourquoi, il n’y a pas de raison de douter. Maintenant, on connait le chemin à suivre pour homologuer un médicament dans une maladie donnée. Il est clair que nous sommes en attente de résultat, mais ce qui est important, c’est que cette pandémie a mis le focus sur une certaine façon, la réutilisation de certaines molécules qui sont connues pour soigner d’autres maladies.

Universciences : votre avis sur le traitement à base de l’Artemisia, qui suscite assez de débats de nos jours ?

AKK : sur l’Artemisia, je garderai la même position que j’ai sur la chloroquine, aujourd’hui on peut dire ce qu’on veut. Madagascar est l’un des pays qui a le plus faible taux de contamination lié à la Covid-19, l’un des pays qui a le plus faible taux de létalité lié à ce virus, maintenant, il faut se dire est ce que ces chiffres sont liés à l’utilisation de l’Artemisia ou c’est lié à d’autres types de facteur, impossible pour l’instant de le déterminer. Mais il faut rester très prudent dans l’utilisation de nouvelles molécules en ce qui concerne le traitement des maladies, il faut au moins prendre le temps d’évaluer ces médicaments pour effectivement savoir s’ils sont efficaces ou pas sur la maladie qu’on a envie de traiter.

Universciences : quels messages avez-vous à l’endroit de la population guinéenne ?

AKK : j’ai deux choses à dire à cette population. Premièrement, c’est la prévention que nous répétons toujours à savoir le respect des mesures barrières. La deuxième chose, il faut la responsabilité de tout un chacun pour éviter d’attraper la maladie car, le meilleur traitement de la maladie c’est de ne pas l’attraper. Toutefois, si on n’est atteint de la maladie, il faut accepter de venir dans une structure de prise en charge quel que soit son niveau de prise en charge. Parce qu’il faut savoir qu’il est toujours mieux d’être à côté d’un médecin pour qu’en cas de complication ou de symptôme inhabituel qu’il puisse réagir à temps pour soulager le patient. En plus, il faut que les gens arrêtent de se cacher dans leurs maisons pendant qu’ils sont souffrants et d’accepter de s’approcher aux professionnels de santé qui peuvent leur assurer un minimum de prise en charge.

 

Propos recueillis par Alimou Satina DIALLO

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Oumar Bagou

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