Selon plusieurs études, le groupe sanguin O serait moins à risque d’être contaminé par le covid-19, mais également moins sujet à certaines complications dues aux formes sévères du virus.
Développée dès mars 2020, l’idée selon laquelle les groupes sanguins seraient affectés différemment par le covid-19 a une nouvelle fois été confirmée. Les personnes du groupe sanguin O se seraient à la fois mieux protégées face à l’infection, mais également, moins à risque de développer des complications lorsqu’elles sont atteintes de formes sévères du coronavirus. Deux phénomènes « bien distincts », insiste le Dr Alhassane Kamissoko, spécialiste de la glycobiologie au CHU de Donka, mais tous deux dans le sens « d’un risque diminué pour le groupe O ».
Des anticorps naturels pour empêcher la transmission
« Il y a bien une relation entre les groupes sanguins et le risque d’infection par le covid-19. Il y a un consensus autour de ce qui se dégage », assure le spécialiste de la glycobiologie.
Lors de la transmission du virus d’une personne à une autre, « le virus se sert de protéines dont il est développé, notamment la protéine Spike, recouverte d’une grosse couche de sucre, pour se cacher du système immunitaire », explique le Dr Alhassane. La particule virale, elle, porte des étiquettes ABO du porteur d’origine.
En face, les antigènes ABO de la personne, « sont présents sur les barrières épithéliales, c’est-à-dire les cellules de l’arbre respiratoire (nasaux-pharynx, la trachée et les grandes bronches), le tube digestif (muqueuse buccale, intestin grêle) et même les cellules qui tapissent le tractus génito-urinaire, le groupe sanguin est donc présent sur les portes d’entrée des pathogènes », précise Dr Kamissoko.
La théorie de l’an 2000 confirme celle de 2019
Partant de ce principe, une théorie, démontrée lors de l’épidémie du SRAS du début des années 2000, mais devant encore être confirmée pour le covid-19, suppose que : « Les anticorps naturels anti-ABO, qui sont essentiels pour définir les règles de la transfusion sanguine, le serait aussi pour neutraliser le virus dans la situation d’incompatibilité au moment de la transmission du virus. Si quelqu’un de groupe sanguin A transmet le virus à une personne O, ses anticorps anti-A pourraient neutraliser le virus », résume Dr Alhassane Kamissoko.
Le groupe O peut se protéger de la transmission des autres groupes
Les personnes du groupe O seraient ainsi capables de se protéger de la transmission par les autres groupes sanguins. « Le risque est variable d’un pays à un autre en fonction de la fréquence des groupes sanguins dans la population », explique Alhassane Kamissoko.
Si les groupes sanguins sont équitablement représentés, le nombre d’interactions incompatibles ABO seront plus importants. « Plus vous aurez d’interactions incompatibles ABO dans une population plus l’épidémie devrait être, au moins, ralentie », affirme Dr Kamissoko
« Dans les pays où vous avez énormément de groupe sanguin O, et une mauvaise représentation soit du A, soit du B, soit des deux ; alors vous avez un nombre de cas et une séroprévalence importants », illustre le Dr Alhassane Kamissoko.
Des études qui n’ont pas donné toutes les réponses
Par le biais de l’analyse de plus d’une quarantaine d’études, les chercheurs de l’Inserm et de l’Université de Nantes ont pu faire le point sur ces relations qui avaient été rapportées entre les groupes sanguins ABO et la covid-19, voir si c’était solide et quelles pouvaient être leurs significations.
Amadou Dari Diallo